Au sommaire
L'association est traversée
depuis mai 92 par un grand débat, franc et démocratique
(si, si !), au sujet de son devenir. Il nous paraît indispensable
d'en tenir informés nos lecteurs, de manière
la plus transparente possible. Il en va en effet de la continuation
éventuelle de nos activités et en particulier de
la publication de ce bulletin.
Enfin, nous serions heureux de connaître
votre propre position par rapport à ces questions. Le bulletin
peut en effet continuer, si vous vous associez également
à sa réalisation. Alors n'hésitez
pas à nous contacter pour faire part de vos idées
et propositions, voire contributions.
Une fois de plus la question du devenir de l'association
se pose.
Pourquoi ?
Cette situation se traduit par :
- l'arrêt de la réalisation du
Bulletin d'Information et du secrétariat par Joël,
- l'absence d'individu pour relancer
les dossiers, c'est-à-dire susciter les travaux
et les concrétiser, y compris écrire les articles
destinés au Bulletin d'Information,
- un siège vide au conseil scientifique de
Paris VII ; or la représentativité d'Etudiants
et Recherche à l'université est importante
pour la reconnaissance d''E&R auprès
des instances gouvernementales, pour son implication dans la vie
de la recherche universitaire et aussi pour l'obtention
des subventions (illusoires à Paris VII, d'accord
!),
- perte des acquis
Les acquis :
- la documentation accessible à qui le souhaite
(textes, guide de l'ANDES, ...).et deux mètres d'archives
!
- une adresse pour être informé, conseillé,
écouté. E&R répond à un besoin
pour des personnes : en particulier, on joue le rôle de
"SOS thèse" bien utile pour certains.
- le bulletin d'information, vecteur d'informations
pratiques et d'idées en tous genres, sans équivalent
par ailleurs, désormais diffusé à 150 exemplaires
environ et affichés dans de nombreux endroits.
- le groupe de personnes qui se connaissent, s'apprécient,
ont appris à travailler ensemble. Les compétences
individuelles étant connues, les groupes de travail basés
sur la complémentarité sont spontanément
constitués en fonction des actions à mener.
- une notoriété auprès des instances
gouvernenemtales, d'organisations associatives et syndicales,
de certains journaux.
Méthodologie
Pour garder un maximum d'objectivité, il a été rappelé que la réflexion devait être menée avec le recul nécessaire pour ne considérer que le problème propre à Etudiants et Recherche ; c'est à dire du point de vue des objectifs, de la structure et du fonctionnement de l'association:
- qui fera ou peut faire quoi ?
- combien de membres ?
- quelle viabilité pour Etudiants et Recherche
?
Ce qui implique d'éliminer absolument
de l'analyse du problème, la relation affective
qui relie chaque membre actuel à Etudiants et Recherche
et donc d'éliminer du raisonnement le plaisir de
réaliser ensemble, car cette réalisation commune
pourrait concerner d'autres objectifs que ceux définis
dans le cadre d'Etudiants et Recherche. Ce qui implique
également pour chacun de distinguer sa motivation personnelle
pour militer dans une structure socio-professionnelle plus adaptée
au statut du (futur) ex-thésard, de l'action dans
Etudiants et Recherche. Il s'agit du maintien ou non
de l'association telle qu'elle est aujourd'hui.
En d'autres termes, il faut distinguer l'avenir
d'une association dénommée "Etudiants et Recherche",
qui a une histoire, de l''évolution personnelle
de chacun et la part qu'il a pu prendre dans cette histoire.
Méthode de réflexion proposée
1 - Lister les besoins auxquels répond E&R
jusqu'à présent. Il s'agit des besoins des thésards.
Chacun peut pour l'instant mettre ses besoins personnels de côté.
2 - Pour chacun, répondre à la question
: parmi ces besoins, y en a-t-il auxquels j'ai envie de chercher
une réponse dans le cadre d'une structure telle que E&R
? Si personne ne répond "oui" à l'étape
numéro 2, l'association Etudiants et Recherche est dissoute
de facto. Il n'y a pas lieu de poursuivre la réflexion
dans ce cadre.
3 - Ceux qui répondent "non" : chercher
ailleurs ce dans quoi ils veulent s'engager (s'ils veulent s'engager),
ou créer autre chose ... En tout cas : quitter E&R
(même si ça fait mal là).
Eléments de réflexion
Voici tout d'abord quelques constats d'évidence,
rappelés par Joël :
D'autres éléments ont été
rappelés
-1 Etudiants et Recherche est une association de
doctorants qui agissent pour l'ensemble des doctorants.
Il est préférable que l'association comprenne
une majorité de doctorants puisqu'ils sont directement
concernés.
-2 L'action d'Etudiants et Recherche
est unique. Elle concerne des problèmes généraux
rencontrés par les doctorants, communs à toutes
les formations doctorales (ex : sécurité sociale).
-3 Si beaucoup de doctorants sont intéressés
par nos informations et les résultats de nos actions, très
peu se sentent prêts à agir.
Quatre possibilités ont été
présentées :
1- L'association s'arrête et
met à la disposition de qui le souhaite ses acquis, si
repreneur il y a.
2- L'association intègre le SNCS.
3- L'association évolue avec une définition
d'autres objectifs.
4- L'association continue dans sa forme actuelle.
D'emblée, l'idée que
Etudiants et Recherche disparaisse a paru inacceptable, impensable
pour la plupart. De plus, l'affectivité des uns
pour l'association n'a pu être complètement
écartée.. Chacun a donc argumenté pour d'autres
solutions pour éviter l'arrêt de l'association
:
Une proposition à mes yeux raisonnable
et réaliste serait alors d'étudier la possibilité
de faire fructifier nos acquis au sein d'une structure
syndicale existante, le SNCS, compte-tenus des liens déjà
existants depuis près de 4 ans.
Se fondre en simples adhérents me semblerait
sans intérêt, mais constituer une section jeunes
en préservant une autonomie d'actions et de paroles
(bulletin, sigle, ...), participer à la vie du syndicat
en essayant d'y susciter les débats qui n'y
existent plus, tout en bénéficiant de son support
et son infrastructure logistique.
D'aucun peut qualifier cette proposition d'entrisme,
à juste titre. Je ne le nie pas. Cette proposition ne me
satisfait pas pleinement (cf les anciens animateurs du Collectif
des Admissibles). Mais je n'ai vu aucune autre alternative,
en dehors de la pêche à la ligne. Comme
je reste convaincu que le marasme politico-syndicalo-associatif
de gauche a atteint un point proche du fond, et que les
reconstructions éventuelles sont à venir, même
si les étapes seront longues et douloureuses, je pense
qu'il est aussi de la responsabilité de notre génération
d'y contribuer dans la mesure de ses moyens, mais avec
la richesse et l'originalité nécessaires
à d'autres pratiques, d'autres discours et
donc d'autres structures.
Les contreparties sont mal connues, mais ce rattachement
aurait déjà pour conséquence la défection
de membres actuels et empêcherait l'arrivée
éventuelle de nouveaux doctorants. En effet, beaucoup refusent
les syndicats sous leur forme traditionnelle. Par ailleurs, un
des points forts d'Etudiants et Recherche est son indépendance.
La solution consensuelle retenue
Elle a été le maintien d'Etudiants
et Recherche, non pas pour refuser sa disparition, mais avec l'idée
de la renforcer et de continuer l'action si possible avec
de nouveaux doctorants. Ce choix est dû à la forte
volonté de faire vivre l'association, notamment
par les deux derniers arrivants qui sont prêts à
en reprendre le fonctionnement. Une association comme E&R
leur apparait indispensable.
Objectifs
- le suivi du déroulement des écoles
doctorales dont les conséquences sur le quotidien du doctorant
ne sont pas connues
- les problèmes de l'encadrement et
de la formation du thésard
- la relance du dossier Service National
- les actions spécifiques à certaines
disciplines (ex: la sélection à l'entrée
du DEA de protohistoire).
Lors d'une réunion récente, comme nous remarquions que les thésards se raréfiaient et que l'Association ne comporterait bientôt plus d'étudiants, comme chacun évoquait les motivations qui l'avaient amené à adhérer et à agir sur des problèmes qui n'étaient pas toujours les siens, et cherchait une nouvelle dynamique pour relancer Etudiants et Recherche, je me suis demandé : "mais qu'est-ce que je fais ici, moi ?" Il était temps, n'est-ce pas, car il est inconfortable de mourir idiot, même au figuré. Je dois au lecteur quelques explications :
1) Avant d'entrer dans l'Association, en 1987, j'avais déjà une thèse de troisième cycle, et je faisais, pour la forme, une thèse nouveau régime, sans problèmes autres que scientifiques ;
2) plus grave, j'étais déjà presque sûr d'être au CNRS, où je suis désormais chercheur titulaire ;
3) la condition des thésards n'a rien de scandaleux dans mon labo.
Ainsi, je n'ai aucun intérêt, même
indirect, à revendiquer pour l'amélioration des
conditions de vie des thésards. En toute logique, j'aurais
dû quitter l'Association avant même d'y entrer, et
pourtant je m'incruste ! Quelles sont donc les raisons qui m'y
retiennent, et quelle est ma position quant à sa continuation
? Je vais tenter de l'exposer.
Je suis attaché à mon fichu métier
de chercheur, même si après ma thèse de 3ème
cycle (chez de Gennes, pour ne rien cacher), j'ai tout abandonné.
(Castaneda explique que les sorciers les plus complets sont ceux
qui ont abandonné une fois leur apprentissage, et il n'est
pas surprenant que la remarque s'applique également aux
physiciens.) Et je suis attaché à ce que des jeunes
y participent, pour poursuivre dans cette voie, parce qu'ils sont
irremplaçables dans l'apport de démarches nouvelles
et débloquantes, et aussi... parce qu'on communique mieux
avec sa propre classe d'âge. Pour qu'il y ait des apprenti-chercheurs,
il leur faut un statut et des conditions de travail aussi bonnes
que possible. Cela suffit à justifier ma présence
dans l'Association, à condition que les "chercheurs
en plus" de ma sorte y soient minoritaires par rapport aux
étudiants-chercheurs concernés.
Il y a une autre particularité de l'Association,
qui n'est pas mentionnée dans les statuts, et à
laquelle je suis sensible, peut-être à cause de ma
trajectoire personnelle, à savoir son caractère
transdisciplinaire (les sciences humaines y sont hélas
peu représentées). J'ai toujours appris beaucoup
de choses de la confrontation de formes de pensée différentes,
y compris dans la discussion non scientifique. Et jusque dans
la même branche des sciences, nous n'avons guère
l'occasion de nous rencontrer, pour échanger des idées
ou de très précieuses informations pratiques. De
ce point de vue, l'Association joue le rôle d'une agence
de renseignements (désintéressée, faut-il
le rappeler ?), et sa disparition serait regrettable dans un milieu
où les relations entre les gens, donc la "communication",
sont souvent embryonnaires quand elles ne sont pas empoisonnées
par la présence d'un certain nombre de caractériels.
Cette atmosphère cordiale et enrichissante
à tous points de vue, je l'avais trouvée au Collectif
des admissibles, association loi de 1901 formée par
les refuzniks du concours d'entrée 1986 au CNRS, brutalement
"annulé" par Alain Devaquet. Cette Association
a cessé d'exister une fois que les personnes dont elle
s'occupait ont quitté leur condition d'admissibles. De
façon assez semblable, il est envisagé qu'E &
R disparaisse lorsqu'elle ne contiendra plus aucun thésard
parmi ses membres actifs. Mais le parallèle entre les deux
associations peut être poussé plus loin. Chacune
est née d'une fluctuation de grande amplitude : la volonté
de casser le CNRS dans un cas, dans l'autre le mouvement étudiant
de 1986. Ironiquement, toutes deux sont des enfants de Devaquet,
des enfants parricides (lorsque, par un funeste vendredi 13 février
1987, le Conseil d'Etat eut annulé la décision d'interruption
du concours d'entrée au CNRS, Libération
a écrit "C'est la deuxième mort d'Alain Devaquet"...).
Ces cataclysmes sont hautement improbables et les mouvements qu'ils
engendrent ne peuvent guère durer en dehors des conditions
qui leur ont donné naissance : que reste-t-il aujourd'hui
du mouvement étudiant de 1986 ? Comparé à
lui, notre groupuscule Etudiants et Recherche est d'une
formidable longévité et efficacité. Dans
un milieu aux goûts volontiers libertaires, dans une époque
et une société dites individualistes, quand 97 %
des étudiants de troisième cycle s'abstiennent aux
élections malgré la présence de candidats
à l'idéologie inquiétante, combien pouvons-nous
espérer en retenir parmi les 3 % restants, afin de leur
faire jouer un rôle actif ? Fort peu, et notre Association
doit sa naissance à une fluctuation exceptionnelle.
L'esprit du temps n'étant pas à la
démarche associative, il me semble que l'Association ne
peut continuer que sous une forme "faible", moins revendicative,
plus centrée sur les échanges d'information au cours
de conversations "de bistrot" entre ses membres, et
qui justifient l'édition d'un Bulletin. Il ne serait plus
question de mener des démarches personnelles pour tel ou
tel étudiant, façon SAMU ou Médecins sans
Frontières, en raison de notre non-représentativité
légale, mais "un étudiant informé en
vaut deux" (cela suppose que les étudiants veuillent
s'informer, hypothèse non confirmée)... Une telle
évolution de l'Association (qu'on peut, si l'on y tient
absolument, inscrire en toutes lettres dans les statuts) peut
sembler peu enthousiasmante, mais "les héros sont
fatigués", et quand je vois ce que mes camarades du
Collectif des admissibles ont trouvé dans les structures
syndicales existantes, je ne suis pas plus enthousiaste (eux non
plus, d'ailleurs, même s'ils font bien leur travail). A
la question (que ne se posent pas les militantistes) de savoir
si l'on peut transformer le système sans la participation
de ses acteurs, je crois devoir répondre très précisément
que cela est distopique.
Rappel du sujet
Dans le Bulletin n°20, nous avons publié
une lettre adressée au Ministère de l'Education
Nationale. En effet, la rentrée universitaire 1991-92 a
vu une augmentation de 66 % des droits d'inscription des étudiants
en doctorat à l'Université. Pourquoi seulement les
doctorants ? dans quel but ? pour quelles affectations ?
Voici les réponses reçues récemment.
Elles témoignent du mépris avec lequel le Ministre
traite le sujet et ne se préoccupe même pas de fournir
une explication sensée à la question posée.
Comme si il pouvait répondre n'importe quoi, au
nom de l'autonomie des établissements (qui par
hasard ont tous appliqué simultanément cette
augmentation) et de l'effort pour l'enseignement
supérieur (depuis quand est-il limité au troisième
cycle, dont on peut douter par ailleurs des frais de scolarité
associés ?).
Ne désespérant pas d'obtenir une vraie
réponse, nos deux associations (Prométhée
et E&R) ont renvoyé la balle dans le camp du Ministère.
Nous attendons de pied ferme....
Réponse du Ministère
Ministère de l'Education Nationale
et de la Culture
Le chargé de Mission
auprès du Ministre d'Etat
1 juillet 1992
Vous avez souhaité connaître les
raisons de l'augmentation des taux des droits de scolarité
dans les établissements publics d'enseignement supérieur
et l'utilisation des sommes ainsi dégagées.
Cette augmentation des taux des droits de scolarité
pour l'année universitaire 1991-92 a pour objectif
de concourir utilement au développement de l'enseignement
supérieur.
En effet, la capacité d'initiative
des établissements est un facteur du développement
de l'enseignement supérieur parce qu'elle
permettra de maintenir l'insertion professionnelle des
diplômes à un haut niveau dans une période
où les effectifs sont croissants. Mais cette capacité
est pour partie liée à l'autonomie financière.
Or les évolutions du taux des droits de scolarité
ont à peine permis jusque là de garantir la valeur
de cette ressource.
Cette situation avait, en outre, entraîné
une augmentation irrégulière des droits de scolarité
constituée par la création, à l'initiative
des établissements de contributions supplémentaires
obligatoires. Il a été demandé aux recteurs
des académies de veiller particulièrement à
l'application de la nouvelle réglementation et d'être
vigilant aux irrégularités qui pourraient être
commises.
L'utilisation des ressources supplémentaires
dégagées par l'augmentation des droits de
scolarité relève de l'autonomie des établissements.
Cette autonomie s'est traduite, dans le cas présent,
par le vote du budget qui prévoit notamment les dépenses
de l'établissement pour l'année civile
au financement desquelles participent l'ensemble des ressources.
Il convient de préciser qu'une part
du produit des droits de scolarité est réservée
au financement d'actions d'amélioration de
la vie étudiante qui sont décidées dans les
établissements sur proposition des étudiants.
Je vous suggère, par conséquent,
de prendre l'attache des présidents ou directeurs
des établissements, afin de connaître le contenu
de ce document.
En espérant vous avoir apporté les
informations nécessaires à la compréhension
de cette décision, je vous prie de croire, Monsieur, en
l'assurance de ma sincère considération.
Variante, adressée à l'Association
Prométhée-Aquitaine (cf
Bulletin n°20),
qui avait en début d'année universitaire
envoyé un premier courrier demandant des explications à
ce sujet, auquel le nôtre faisait suite.
Ministère de l'Education Nationale
et de la Culture
Direction de la programmation et développement
universitaire
Sous-direction des établissements
M. Piccolo
Paris le 25 mai 1992
<Quatre premiers paragraphes strictement identiques
à ci-dessus> (sic)
Par ailleurs le plan social étudiant prévoit
non seulement un développement des aides mais également
une participation plus importante des étudiants dans leur
répartition. Il devrait permettre aux étudiants
les plus défavorisés de faire face à l'augmentation
limitée des droits de scolarité.
Ainsi, les commissions sociales d'établissement
ont à se prononcer sur les demandes de bourses d'enseignement
supérieur dont le nombre augmente sensiblement et dont
l'attribution ouvre droit à l'exonération
du paiement des droits de scolarité.
Enfin, une part du produit des droits de scolarité
est réservée au financement d'actions d'amélioration
de la vie étudiante qui seront décidées dans
les établissements sur proposition des étudiants.
Espérant vous avoir apporté les
informations nécessaires à la compréhension
de cette décision, je vous prie de croire, Madame, Monsieur,
en l'assurance de ma sincère considération.
Nouvelle lettre de l'association
Prométhée-Aquitaine
Bordeaux, le 9/7/92
Monsieur,
Vous remerciant de la réponse à
notre courrier, nous souhaiterions attirer de nouveau votre attention
sur certains points qui nous semblent encore obscurs, à
savoir :
1- Quels textes officiels légifèrent
l'augmentation des droits d'inscriptions ? (pourriez-vous
nous en communiquer une copie ?)
2- Quelles sont les mesures concrètes adoptées
en vue de maintenir l'insertion professionnelle des
diplômés à un haut niveau ?
3- De quelle nature sont les irrégularités
constatées à propos de l'augmentation des
droits d'inscription et quelles mesures ont été
prises pour les réparer ou tout du moins éviter
qu'elles se reproduisent ?
4- Cette augmentation est-elle définitive
et continuera-t-elle à s'adresser toujours aux étudiants
de troisième cycle, dont certains effectuent leurs recherches
dans des conditions souvent très précaires ?
5- En quoi consiste le plan social étudiant
?
6- Selon quelles modalités les associations
d'étudiants-chercheurs peuvent-elles faire des propositions
en vue de l'amélioration des conditions de la vie
étudiante et quels projets sous-tendent déjà
ce dernier objectif ?
De notre côté, forts de notre expérience
d'association pluridisciplinaire d'étudiants-chercheurs,
nous restons à votre disposition pour vous informer sur
les retombées concrètes de ces mesures.
En espérant votre réponse, nous
vous prions d'agréer, Monsieur, l'expression
de nos respectueuses salutations.
Nouvelle lettre d'Etudiants et Recherche
Paris, le 8 octobre 1992
M. Eric Martinez
Ministère de l'Education nationale
et de la Culture
110, rue de Grenelle
75 700 - Paris
Nous vous remercions vivement de la lettre en
date du 1er juillet 1992 que vous nous avez adressée
en réponse à notre courrier du 30 avril 1992 concernant
la hausse de 66 % des droits d'inscription des étudiants
en doctorat.
Malheureusement, nous ne pouvons pas en faire
état auprès des adhérents de notre Association,
qui rassemble des étudiants de 3ème cycle, pour
la raison que votre lettre omet de préciser pourquoi la
mesure de perception de "droits supplémentaires"
frappe exclusivement les étudiants en thèse.
Il est compréhensible que chaque université
cherche à dégager des ressources supplémentaires
par l'augmentation des droits de scolarité, mais il serait
alors plus léger de faire porter la mesure sur tous les
étudiants, dont les 3ème cycle ne sont qu'une
très faible fraction. Comme la mesure adoptée concerne
les seuls doctorants, notre Association s'interroge sur l'usage
des "droits supplémentaires" ainsi prélevés.
D'un autre côté, bien que nous vous
ayons communiqué à titre d'exemple un document de
l'Université Paris 7, nous savons que la mesure est appliquée
par toutes les universités. Elle n'a donc
pas été prise par l'Université Paris 7 isolément
en vertu du principe d'autonomie, mais elle est d'origine ministérielle.
C'est pourquoi, soucieux que nous sommes de la bonne communication
que nous souhaitons voir s'établir entre les doctorants
et leur ministère, nous vous resoumettons notre question
que nous espérons avoir convenablement clarifiée.
Veuillez croire, Cher Monsieur, à l'assurance
de notre considération distinguée.
Pour l'Association Etudiants et Recherche,
Voici encore un exemple d'absurdité
sur la couverture sociale des thésards, que cette fois-ci,
la Cour d'Appel a tranché dans le mauvais sens.
Le chemin est encore long, pour obtenir une sécurité
sociale à tous les thésards (cf Bulletin n°18)
! Mais pourquoi diable notre Etat n'est-il pas capable
de subvenir aux dépenses de santé de ceux qui sont
les artisans de sa recherche, dite indispensable à son
avenir ??
Note aux responsables de laboratoires de l'Institut
Jacques Monod
OBJET : Assujettissement au régime général
de Sécurité Sociale de chercheurs boursiers d'organismes
mécènes effectuant leurs recherches au sein de laboratoires
du CNRS.
Des arrêts récents rendus par la Cour
d'Appel de Paris, ont prononcé le non-assujettissement
au régime général de la Sécurité
Sociale, des chercheurs boursiers d'organismes mécènes
effectuant leurs recherches auprès de laboratoires CNRS.
Les organismes mécènes concernés
par ces arrêts sont les suivants : la Ligue Nationale contre
le Cancer et la Fondation pour la Recherche Médicale. Une
affaire précédente concernant l'ARC (C.A Paris 12
Février 1988), avait trouvé une solution identique.
Ces arrêts vont à l'encontre des positions prises par la CPAM, l'URSSAF (et semble-t-il le Ministère des Affaires Sociales) qui se sont prononcés par diverses lettres et instructions, en faveur de l'assujettissement.
Cette divergence d'appréciation s'explique
en partie par la mauvaise rédaction des formulaires destinés
aux organismes sociaux, et qui supposaient l'existence d'une subordination
entre le CNRS et ces chercheurs boursiers.
La Cour s'étant prononcée pour le non-assujettissement de ce chercheur au régime général de la Sécurité Sociale, la décision d'assujettissement prise antérieurement par la Caisse Primaire, se trouve de ce fait annulée.
L'employeur se verra rembourser les cotisations qu'il a versé à tort. L'assuré devra restituer à la Caisse Primaire les prestations qu'il a éventuellement perçues (dans la limite de 2 ans après le versement).
D'autre part, il est conseillé au chercheur de s'assurer personnellement auprès d'un régime d'assurances sociales puisqu'il ne peut plus bénéficier du régime général.
Il est donc nécessaire, avant de faire une
quelconque démarche d'assujettissement au régime
général, de vérifier si toutes les conditions
d'inscription sont remplies.
L'assujettissement au régime général de Sécurité Sociale ne dépend ni de la volonté exprimée par le chercheur, le laboratoire ou l'organisme mécène, ni de la qualification qu'ils ont donnée à leurs conventions (par ex : contrats de travail), mais des conditions de fait dans lesquelles est exercée l'activité de recherche.
Parmi celles-ci, la principale est la constatation
de l'existence d'une subordination (chercheur/laboratoire ou chercheur/mécène)
et d'une rémunération (peu importe le nom qu'on
lui donne : salaire, vacation, bourse ....).
Les tribunaux rassemblent plusieurs indices pour se prononcer sur la validité d'un assujettissement au régime général de la Sécurité Sociale.
Ils comprennent, outre la rémunération,
la direction, la surveillance et le contrôle du travail
par le laboratoire ou le mécène ("appartenance
à un service organisé").
Ces indices de subordination peuvent se matérialiser dans le domaine de la rechercher par :
- l'obligation d'exécuter un travail précis dans un temps donné ;
- l'obligation de rendre compte de son activité ;
- l'absence de liberté dans le choix des collaborateurs ;
- les contraintes d'horaires ;
- la régularité et la fixité de la rémunération ;
- la propriété des inventions revenant à l'employeur.
Cette liste n'est pas limitative. Cette "méthode
des indices" est difficile à mettre en oeuvre, car
il faut rassembler plusieurs de ces indices (et non un seul) pour
conclure l'assujettissement au régime général
de la Sécurité Sociale.
Un exemple en est donné par le cas suivant.
Rappels des faits :
Mlle C prépare sa thèse de doctorat dans le cadre d'un laboratoire CNRS et reçoit une bourse de la Ligue Nationale contre le Cancer. La CPAM notifie à la Ligue l'assujettissement de ce chercheur. Cette dernière refuse de verser des cotisations et soumet son cas à la Commission des recours amiables. Se voyant déboutée, la Ligue saisit le Tribunal des Affaires de Sécurité Sociale. L'URSSAF fait cause commune avec la Caisse Primaire.
Le Tribunal concluant au non-assujettissement, les
deux organismes sociaux interjettent appel.
Pour écarter l'assujettissement de ce chercheur au régime général de la Sécurité Sociale, la Cour d'Appel a tenu compte des faits suivants :
- le fait que le directeur du laboratoire ait déterminé le thème de recherche ne suffit pas, à lui-seul, à créer un lien de subordination ;
- le fait qu'il donne des conseils scientifiques et techniques ne limite pas l'indépendance du chercheur ;
- la Ligue contre le Cancer qui verse la bourse est distincte du laboratoire CNRS dans lequel s'exerce réellement l'activité de recherche ;
- la CPAM n'a pas pu apporter la preuve que les travaux étaient effectués dans l'intérêt direct de la Ligue. Cette dernière n'intervenant, en l'espèce, que comme mécène. L'accord de cette dernière au thème de recherche est considéré comme un moyen de sélection entre plusieurs candidats sans conséquence sur la conduite des travaux ;
- le respect du règlement intérieur du laboratoire est une simple adaptation au mode de fonctionnement de celui-ci ;
- la Ligue n'a pas contrôlé le travail effectué, elle ne demande aucun droit de regard sur les recherches (liberté dans la préparation de la thèse) ;
- le laboratoire, qui encadre le thésard,
ne verse pas la rémunération.
Cependant, il convient de remarquer que :
- la qualité de boursier n'est pas exhaustive de celle d'assujetti au régime général : il suffit que les conditions de subordination et de rémunération soient remplies. Les boursiers MRT sont assujettis au régime général de la Sécurité Sociale.
- la subordination n'est pas exclusive d'une certaine
indépendance :
Par exemple : est assujetti au régime général
une personne effectuant des travaux de recherche pour le compte
d'un laboratoire privé, lequel lui donne des directives,
lui impose des délais à respecter et lui verse une
rémunération fixe à la vacation. Ceci ne
lui ôtant pas une relative indépendance dans l'exercice
de son travail.
Au contraire, seront interprétés comme des éléments d'indépendance excluant la subordination :
- la liberté du choix des expériences et de leur conduite ;
- la liberté d'interprétation de résultats ;
- la liberté de conclusion.
Cette liste est simplement indicative. Mais l'on
peut se rendre compte de la difficulté d'application de
cette méthode dite des "indices" dans le cas
de thésards.
Table Ronde "les thésards" du
11 juin 1992, organisée par le journal du CNRS
La table ronde a réuni 10 thésards de disciplines différentes, de divers financement (y compris sans), en début ou fin de thèse, venant de Paris ou de province. Certains participants représentaient des associations de doctorants.
La réunion était animée par Yves Deguilhem, journaliste et Anne Muxel sociologue au CNRS en présence de Jacqueline Bernaben et de Geneviève Edelheit, rédactrice adjointe au Journal.
L'objectif était de donner la parole aux doctorants
pour connaître leur parcours, leurs motivations et leur
position vis-à-vis du CNRS. Pour cela 5 thèmes ont
été abordés à bâtons rompus
: le parcours individuel ou les motivations menant à la
recherche (la thèse), les motivations du choix du laboratoire
et du sujet de recherche, la vie au laboratoire, c'est-à-dire
la relation doctorants-techniciens et doctorants-chercheurs, la
vie de la recherche ou qu'est ce qu'un chercheur, et le devenir
des doctorants après leur thèse, dont l'orientation
vers le CNRS.
Effectivement la parole était donnée aux doctorants et parmi l'ensemble des idées ou des avis exposés, quelques point forts ressortent :
Le parcours menant à la thèse et à la recherche :
- peut résulter d'un choix délibéré dès l'adolescence ou le bac, bien que cette vocation ne soit pas si fréquente,
- peut être lié à un contexte
particulier (familial ou objectifs mal définis) où
la formation initiale est sans rapport avec la thèse ;
dans ce cas le choix plus tardif de la recherche est également
délibéré, ou être dû au hasard
d'une formation universitaire menée jusqu'au bout.
Contrairement à ce qu'il faudrait faire, le
choix du laboratoire et du sujet de thèse dépend
plus souvent d'un contexte qui oriente le doctorant vers tel laboratoire
et tel sujet. Le financement de la thèse est un des éléments
du contexte.
Le travail du chercheur est limité par des contraintes financières (fonctionnement du laboratoire, durée et nombre des allocations de recherche, contrats industriels) qui imposent, dans les disciplines expérimentales, des sujets courts sans programmation réelle de la recherche à long terme ou sans recherche fondamentale.
Les bénéficiaires de contrats industriels regrettent l'absence, liée à la nature de la recherche industrielle, de recherche fondamentale ou d'une programmation de la recherche à moyen et long terme . Ce regret reflète en fait la nécessité, ressentie par les doctorants sous contrats industriels, d'effectuer une recherche fondamentale ou de planifier la recherche dans le domaine considéré.
En lettres et sciences humaines (LSH), la contrainte
financière est d'un autre ordre puisqu'il n'y a pas de
financement suffisant. Et si ce financement existait, peut-être
entraînerait-il un travail en équipe ..
L'appréhension des difficultés qui
entravent la réalisation d'un travail de recherche dépend
de l'histoire individuelle du doctorant. Par exemple, le manque
de moyen (matériel et financier) n'est pas perçu
de la même façon par un doctorant originaire d'un
pays où la recherche n'existe pas.
Vie au laboratoire :
- Les ITA apportent généralement une aide technique et pratique.
- La prise en charge des personnes en DEA et parfois
le suivi des thésards notamment en LSH sont souvent réalisés
par des associations de thésards sur le site.
La diffusion de l'information et son accès restent des points faibles.
La participation aux publications (nombre, place dans la liste des auteurs, etc) varie d'une discipline et d'une formation doctorale à l'autre, voire même du laboratoire, et peut être dictée par une candidature à un EPST (établissement public scientifique et technologique).
La participation des doctorants à des colloques dépend de la politique du laboratoire, et 3 situations sont possibles :
positives : 1 - il demande à participer
2 - il est sollicité pour
négative : 3 - jamais de participation ou
refus selon le lieu du colloque (étranger ou distance)
Post-Scriptum : le compte-rendu
de cette table-ronde et de trois autres (jeunes CR2, ITA, administratifs)
est publié dans LeJjournal du CNRS numéro
34 d'octobre 1992.
Après un bouleversement historique à
l'Est, une guerre du Golfe, un changement de ministre,
la réduction à 10 mois du Service National, nous
avons jugé opportun de relancer ce dossier toujours actuel
pour les thésards.
M. Pierre Joxe
Ministre d'Etat,
Ministre de la Défense nationale
75 015 - Paris
Monsieur le Ministre d'Etat,
La loi Savary de 1984 réformant l'enseignement
supérieur a allongé la durée de la thèse
de doctorat : la plupart des Universités exigent trois
inscriptions, et certaines thèses demandent plus de trois
ans. Dans ces conditions, le jeu normal des reports d'incorporation
au Service National Actif ne suffit plus à assurer des
études continues, puisqu'un jeune homme entrant à
18 ans à l'Université achèvera son doctorat
à 26 ans au mieux, si sa thèse peut tenir en trois
ans, et à supposer qu'aucun redoublement ni aucune réorientation
ne soient venus perturber le cours de ses études. Notre
Association, qui se consacre à l'amélioration des
conditions des études de troisième cycle universitaire,
a constaté à travers ses sondages que pour éviter
la coupure d'un ou plus fréquemment deux ans causée
par un service long, de nombreux étudiants sont tentés
de demander l'exemption de Service National Actif. Le dernier
rapport parlementaire (Chauveau, 30/11/1988) sur la question fait
apparaître qu'une fraction appréciable de ces jeunes
gens n'effectuent pas leur service national.
Nous savons que vous déplorez cet état
de fait, et c'est pourquoi nous nous permettons de vous suggérer
un aménagement du service national pour les étudiants
ès sciences ou ès lettres engagés dans un
troisième cycle universitaire. Cela consisterait à
étendre à ces étudiants le régime
appliqué aux étudiants en médecine, pharmacie,
vétérinaire et chirurgie dentaire (article L 10
du Code du service national), qui ont eux aussi une durée
nominale d'études de huit ans, et qui bénéficient
d'un report pouvant aller jusqu'à l'âge de 27 ou
28 ans. Si cette possibilité est offerte aux étudiants
de troisième cycle des autres disciplines, elle leur permettra,
comme elle le permet aux futurs médecins, de concilier
leurs études avec leurs obligations militaires, au plus
grand bénéfice des deux parties intéressées.
Dans l'attente de votre réponse, nous vous
prions d'agréer, Monsieur le Ministre d'Etat, l'expression
de notre respectueuse considération.
Pour l'Association Etudiants et Recherche,
Ce qu'on appelle science
au sens institutionnel du terme va au-devant de grandes difficultés.
On peut en repérer des signes avant-coureurs dans son organisation
sociale comme dans son lien avec les techniques et dans l'évolution
de fait de ses cadres épistémologigues.
Nous nous proposons d'examiner les rationalités internes à l'oeuvre dans l'activité scientifique actuelle et les représentations que le corps social se donne du développement scientifique et technique.
A cette fin nous organisons pendant l'année
universitaire 1992-1993 un séminaire-groupe de travail
dans le cadre de l'Université Européenne. Il se
tiendra dans les locaux du Ministère de la Recherche.
Calendrier des premières séances :
Mercredi 21 Octobre 1992 :
Les questions que nous pose l'activité scientifique actuelle
(exposé introductif suivi d'une discussion sur les centres
d'intérêt et le mode de fonctionnement du séminaire).
Mercredi 4 Novembre 1992 : Du couple science-progrès au couple technologie-croissance : les trois phases du développement scientifique moderne
Première partie : du XIXème siècle
à la "Big Science".
Mercredi 18 Novembre 1992 : Du couple science-progrès au couple technologie-croissance : les trois phases du développement scientifique moderne
Deuxième partie : Post-keynésianisme
et post-modernisme scientifique.
Mercredi 2 Décembre 1992 : De quoi la physique peut-elle être aujourd'hui le modèle?
Première partie : les théories physiques
unifiantes : où mène la voie royale de la physique?
Mercredi 16 Décembre 1992 : De quoi la physique peut-elle être aujourd'hui le modèle?
Deuxième partie : la physique "ordinaire"
: vers le complexe ou vers le compliqué?
Les séances suivantes auront lieu tous
les quinze jours à partir du 6 janvier 1993. Les titres
des exposés seront communiqués ultérieurement
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