[Sommaire]


BULLETIN D'INFORMATION N°25 DU 25 DECEMBRE 1993

Au sommaire

  • L'appel ultime (p. 1)

  • Comment devenir ATER (p. 2)

  • Recherche d'emploi : quelques conseils pour ne pas perdre de temps (p. 5)

  • A propos du CNRS (p. 7)

  • Le niveau baisse ? (suite) (p. 8)

  • Protestation (p. 9)

  • Tout n'est pas totalement noir (p. 10)

  • Un peu de statistique (p. 11)

    DERNIER AVIS - DERNIER AVIS

    Cette fois-ci, c'est malheureusement la bonne, ou plutôt la mauvaise, car la dernière : ce bulletin sera le dernier publié par Etudiants et Recherche. L'association ne verra a priori pas la nouvelle année qui s'annonce. Près de sept ans d'existence, vingt-cinq bulletins, le décret sur la sécurité sociale, la formulation et l'expression des problèmes du troisième cycle aux niveaux national et local, l'échange humain entre ses participants .. Dommage vraiment, le bilan est plus qu'honorable et l'aventure bien sympathique.

    Alors cher lecteur, adieu ! L'adresse postale, le répondeur ci-dessus, l'adresse électronique er@ariana.polytechnique.fr te permettront de contacter le dernier carré de gens actifs.

    Le noyau dur des derniers combattants



    L'appel ultime ?

    Même si je n'ai pu qu'assister à la fin d'Etudiants et Recherche, je tenais à témoigner ici de l'importance qu'a prise l'association pour moi au cours de cette année.

    Arrivée à Paris en septembre 1992 pour effectuer un DEA de Neurosciences, j'ai rapidement cherché à rencontrer d'autres étudiants de troisième cycle. Ceci d'une part pour prendre contact avec le milieu étudiant parisien, et d'autre part afin de ne pas m'isoler dans mon domaine de recherche. Je ne pouvais espérer mieux lorsque j'ai été accueillie par le "noyau dur" de l'association ; groupe dynamique de personnes sympathiques. Cependant au fil des réunions, le point noir du renouvellement des membres actifs apparaissait de plus en plus sombre !

    Envahie par mon DEA, je n'ai pu qu'assister à cette démobilisation progressive faute de nouveaux membres actifs. Comment demander à ce "noyau dur", constitué principalement d'“ex-étudiants", de se battre pour des causes ne les concernant plus directement ? J'ai bien essayé (sans réellement insister je le reconnais) de sensibiliser des étudiants de mon entourage, mais sans résultat ; comme les divers appels lancés par l'association d'ailleurs.

    Pourquoi cette démobilisation des étudiants pour défendre leur propre situation ? Est-elle si idyllique ? Certainement pas ; surtout actuellement où les débouchés s'amenuisent, où il est question de modifier le mode d'attribution de l'allocation logement pour les étudiants, où sont mises en place des écoles doctorales visant à rompre l'isolement des thésards, mais aussi à les contrôler.

    Le financement est également à améliorer : peut-on admettre qu'une bourse de thèse ne soit pas toujours versée dès la fin du DEA, et qu'obtenir un financement post-doctoral relève du parcours du combattant ? Alors pourquoi ne pas tenter d'améliorer ces conditions ? Certes créer un groupe actif n'est pas des plus simples mais l'association a déja montré son efficacité. Je regrette sincèrement que personne ne désire profiter de ce terrain favorable et reprendre le flambeau.

    Le côté humain de l'association est également à prendre en compte. En effet, les conseils et soutiens dont j'ai pu bénéficier cette année au contact de ce "noyau dur" m'ont beaucoup aidée tout au long de cette année. Par l'association j'ai également découvert d'autres domaines de recherches et ainsi pu mieux prendre conscience de la diversité des situations existant dans le monde de la recherche. Elle m'a également permis, en parlant de mon domaine de recherche, de redécouvrir ce domaine avec les yeux d'autres chercheurs.

    J'arrêterai là mon éloge du "noyau dur" de l'association avant qu'il ne perde sa crédibilité. Je lance seulement mon appel à celles et ceux qui se sentent concernés par la condition des étudiants-chercheurs, pour qu'ils prennent conscience qu'agir sous les conseils d'un tel noyau dur est une opportunité offerte qu'il serait dommage de laisser perdre, mais qu'il faut saisir tout de suite. Cette année je suis prête à prendre le relais et surtout à le partager avec de nouveaux membres actifs.

    Isabelle Colin, séduite par l'association
    et déçue d'assister à sa disparition.



    Comment devenir ATER ?

    Cet article apporte quelques informations sur le statut d'attaché temporaire d'enseignement et de recherche (ATER). Ce statut constitue une des composantes du ì vivier d'enseignants-chercheurs î. Cet emploi d'enseignant-chercheur contractuel, intermédiaire entre le monitorat et la maîtrise de conférences, peut fournir un financement en fin de thèse. Il a été créé en 1988 (décret n_ 88-564 du 7 mai, paru au Journal officiel du 8 mai) et il a été légèrement modifié en 1989 (décret n_ 89-795 du 30 octobre paru au JO du 31) puis en 1993 (décret n_ 93-360 du 21 juillet paru au JO du 28). En 1992, 800 postes d'ATER ont été affectés [Le Monde du 25 novembre 1993].

    Quel est le statut d'ATER ?

    Recruté par un rectorat d'académie sur un contrat à durée déterminée (CDD), l'ATER doit assurer soit un service complet d'enseignement (c'est-à-dire 192 h équivalentes à des travaux dirigés - TD - une heure de cours magistral valant une heure et demie de TD, et une heure et demie de travaux pratiques valant une heure de TD), soit un demi-service. Il doit aussi participer notamment aux contrôles de connaissance et aux examens.

    Pour pouvoir devenir ATER, il faut appartenir à l'une des catégories suivantes :

    1_ Les fonctionnaires titulaires et stagiaires de catégorie A de l'Etat, des collectivités territoriales ou d'un établissement public en dépendant, inscrits en vue de la préparation du doctorat ou d'une habilitation à diriger des recherches ou s'engageant à se présenter à un concours de recrutement de l'enseignement supérieur. La durée du contrat est au maximum de trois ans avec la possibilité d'une année supplémentaire ì lorsque les travaux de l'intéressé le justifient î.

    2_ Les allocataires d'enseignement et de recherche ayant cessé d'exercer leurs fonctions depuis moins d'un an, titulaires d'un doctorat et s'engageant à se présenter à un concours de recrutement de l'enseignement supérieur. La durée du contrat est d'une année au maximum avec la possibilité d'une année supplémentaire ì lorsque les travaux de l'intéressé le justifient et à condition d'être âgé de moins de 33 ans au 1er octobre de l'année universitaire de renouvellement î.

    3_ Les enseignants ou chercheurs de nationalité étrangère ayant exercé des fonctions d'enseignement ou de recherche dans un établissement étranger d'enseignement supérieur ou de recherche pendant au moins 2 ans, titulaires d'un doctorat ou d'un titre ou diplôme étranger jugés équivalents par la commission de spécialistes compétente. La durée du contrat est au maximum de trois ans, éventuellement renouvelé une fois pour une année.

    4_ Les moniteurs recrutés dans le cadre du monitorat d'initiation à l'enseignement supérieur, titulaires d'un doctorat ou sur proposition de leur directeur de thèse qui doit attester que leur thèse peut être soutenue dans un délai d'un an, et s'engageant à se présenter à un concours de recrutement de l'enseignement supérieur. La durée du contrat est, selon les mêmes conditions qu'en 2_, d'une année avec la possibilité d'une année supplémentaire.

    5_ Les étudiants n'ayant pas achevé leur doctorat et dont le directeur de thèse doit attester que leur thèse peut être soutenue dans un délai d'un an. La durée du contrat est au maximum d'un an, renouvelable une fois pour une durée d'un an, à condition de justifier de l'obtention du doctorat.

    6_ Les titulaires d'un doctorat ou d'une habilitation à diriger des recherches, s'engageant à se présenter à un concours de recrutement de l'enseignement supérieur. La durée du contrat est au maximum d'un an, renouvelable une fois pour une durée d'un an.

    Chaque poste est rattaché à un établissement (université, IUT, etc) et répertorié dans une section nationale (cf. annexe). La rémunération minimale est de l'ordre de 11 000 F bruts pour un service complet. Le contrat prend effet à partir du 1er septembre jusqu'au 31 août de l'année suivante, au plus tard. Il est possible de négocier une durée inférieure, notamment dans le cas du recouvrement avec un contrat précédent de monitorat, en se renseignant sur les conséquences futures vis à vis du calcul de l'ancienneté de fonctionnaire (lors de la titularisation ou de l'avancement sur un poste de maître de conférences par exemple). Dans le cas d'une durée partielle, le nombre d'heures d'enseignement est calculé au prorata de la durée du contrat (sur la base de 192 h TD pour 12 mois en service complet).

    Comment candidater ?

    Le recrutement s'effectue via une sélection sur dossier réalisée par la commission de spécialistes universitaire de la section dont dépend le poste (le service du personnel enseignant de l'université - à laquelle est rattachée l'établissement - peut renseigner sur cette commission, ainsi qu'un secrétariat d'UFR). Deux filières de recrutement coexistent :

    a) au niveau du rectorat : une série de postes fait l'office d'une publication au Bulletin Officiel de l'Education Nationale vers mai-juin. Le recrutement est alors a priori pris en charge administrativement par le service des personnels enseignant du supérieur au rectorat de l'académie (cf. annexe) dont dépendent les postes. Il faut donc s'adresser à ce service afin de constituer un dossier de candidature, et aussi, par précaution, se renseigner auprès des établissements auxquels sont affectés les postes.

    b) au niveau de l'établissement : pour cette autre série de postes, beaucoup plus fournie que la première, la procédure se déroule différemment. Il n'y a ni publication systématique des postes, ni directives particulières relatives aux dossiers. En l'absence d'informations, il vaut mieux s'adresser au président de la commission de spécialistes ou se renseigner autour de soi. En outre, certains postes vacants de maîtres de conférence (non pourvus, libérés suite à une mutation ou une promotion etc.) sont transformés en postes d'ATER en dernière minute.

    Les dossiers sont ensuite examinés normalement vers fin septembre ou début octobre par la commission de spécialistes, qui auditionne éventuellement et qui établit un classement des quelques candidats retenus pour chaque poste. Il est à noter que la commission favorise les candidats ì locaux î et les moniteurs. Elle peut éventuellement décider de diviser un poste par moitiés. Les candidats sélectionnés ne sont pas souvent mis au courant de leur classement, mais le premier classé est très rapidement informé. En cas de refus du poste, il doit confirmer son désistement par écrit, ce qui peut retarder la sélection finale par un effet de réaction en chaîne. Il est possible de se renseigner sur la date de réunion de la commission et, en l'absence d'informations, de téléphoner quelques jours après cette date.

    Il est conseillé de soigner la réalisation de son dossier de candidature et de contacter autant que possible les personnes impliquées dans l'attribution des postes (notamment le président de la commission de spécialistes). Ainsi, par exemple, on pourra indiquer sur une lettre de candidature, sa prédisposition à accepter un demi-poste.

    Comment conclure ?

    Alors que, de par leur définition légale, les caractéristiques du statut sont formalisées, les modalités de recrutement, par contre, relèvent de la cuisine universitaire dont les recettes empiriques produisent de manière quelque peu obscurantiste des résultats pas toujours ragoûtants ! Certains n'hésitent pas à parler de ì magouilles î. Bref, on l'aura compris, candidater à un poste d'ATER implique de consacrer beaucoup de temps et d'énergie dans la course à l'information, d'avoir de la chance ou de profiter d'un ì souteneur î influent et efficace. Il ne faut cependant pas oublier qu'être ATER signifie enseigner et que cela ne s'improvise pas...

    Michel Cartereau

    Post Scriptum :

    a) Pour tout renseignement d'ordre administratif, il est possible de s'adresser au CIRA (centre interministériel de renseignements administratifs, 1-40.01.11.01 à Paris, consulter les annuaires pour les centres régionaux) ou aussi à un syndicat d'enseignants.

    b) Il est à noter qu'il existe des statuts équivalents dans les établissements d'enseignement supérieur publics qui ne dépendent pas du ministère de l'Education nationale : par exemple, le statut d'assistant d'enseignement et de recherche contractuel (AERC) dans les écoles d'ingénieurs du ministère de l'Agriculture (défini par le décret n_ 91-374 du 16 avril 1991 paru au JO du 19 avril 1991).


    Annexe : Liste des rectorats

    Cette table indique le numéro de téléphone du rectorat et les départements rattachés.

    Aix-Marseille 42.24.88.88 4,5,13,84
    Amiens 22.82.38.23 2,60,80
    Antilles-Guyane 19-596-59.90.00
    Besançon 81.65.47.00 25,39,70,90
    Bordeaux 57.57.38.00 24,33,40,47,64
    Caen 31.30.15.00 14,50,61
    Clermont-Ferrand 73.90.34.00 3,15,43,63
    Corse 95.50.33.33
    Créteil 1-49.81.63.47 77,93,94
    Dijon 80.44.84.00 21,58,71,89
    Grenoble 76.74.70.00 7,26,38,73,74
    Lille 20.15.60.00 59,62
    Limoges 55.11.40.40 19,23,87
    Lyon 72.73.54.54 1,42,69
    Montpellier 67.61.47.00 11,30,34,48,66
    Nancy-Metz 83.34.20.20 54,55,57,81
    Nantes 40.37.37.37 44,49,53,72,85
    Nice 93.53.70.70 6,83
    Orléans-Tours 38.79.38.79 18,28,36,37,41,45
    Paris 1-40.46.22.11
    Poitiers 49.54.70.00 16,17,79,86
    Reims 26.05.69.69 8,10,51,52
    Rennes 99.28.78.78 22,29,35,56
    Réunion 19-262-48.10.10
    Rouen 35.08.87.00 27,76
    Strasbourg 88.23.37.23 48,67
    Toulouse 61.36.40.00
    9,12,31,32,46,65,81,82
    Versailles 1-30.83.44.44 78,91,92,95

    Annexe : Liste des sections du Conseil national des universités

    01Droit privé et sciences criminelles
    02Droit public
    03Histoire du droit et des institutions
    04Science politique
    05Science économique générale
    06Sciences de gestion
    07Sciences du langage : linguistique et phonétique générales
    08Langues et littératures anciennes
    09Langue et littérature françaises
    10Littératures comparées
    11Langues et littératures anglaises et anglo-saxonnes
    12Langues et littératures germaniques et scandinaves
    13Langues et littératures slaves
    14Langues et littératures romanes : espagnol, italien, portugais, autres langues romanes
    15Langues et littératures arabes, chinoises, japonaise, hébra
  • ques, d'autres domaines linguistiques
  • 16Psychologie, psychologie clinique, psychologie sociale
    17Philosophie
    18Arts : plastiques, du spectacle, musique, esthétique, sciences de l'art
    19Sociologie, démographie
    20Anthropologie, ethnologie, préhistoire
    21Histoire et civilisations : histoire et archéologie des mondes anciens et des mondes médiévaux ; de l'art
    22Histoire et civilisations : histoire des mondes modernes, histoire du monde contemporain ; de l'art ; de la musique
    23Géographie physique, humaine, économique et régionale
    24Aménagement de l'espace, urbanisme
    25Mathématiques
    26Mathématiques appliquées et applications des mathématiques
    27Informatique
    28Milieux denses et matériaux
    29Constituants élémentaires
    30Milieux dilués et optique
    31Chimie théorique, physique analytique
    32Chimie organique, minérale, industrielle
    33Chimie des matériaux
    34Astronomie, astrophysique
    35Physique et chimie de la terre
    36Géologie et paléontologie
    37Météorologie, océanographie physique
    et physique de l'environnement
    60Mécanique, génie mécanique et génie civil
    61Génie informatique, automatique et
    traitement du signal
    62Energétique, génie des procédés
    63Electronique, optronique et systèmes
    64Biochimie et biologie moléculaire
    65Biologie cellulaire
    66Physiologie
    67Biologie des populations et écologie
    68Biologie des organismes
    69Neurosciences
    39Sciences physico-chimiques et technologies pharmaceutiques
    40Sciences du médicament
    41Sciences biologiques
    70Sciences de l'éducation
    71Sciences de l'information et de la communication
    72Epistémologie, histoire des sciences et des techniques
    73Cultures et langues régionales
    74Sciences et techniques des activités
    physiques et sportives
    Théologie catholique


    Brève

    Ils sont encore plusieurs milliers à quitter l'université chaque année sans avoir atteint le niveau de la licence. Mais en 1991, 145 000 étudiants avaient franchi ce seuil. Un étudiant sur deux décroche une maîtrise. Et sur 10 “maîtrisards”, 4 poursuivent jusqu'au DEA, et parmi ces derniers, 4 sur 10 vont jusqu'au doctorat (soit 8 % des licenciés, NDLR) (lu dans Courrier Cadres de l'APEC du 14/1/94)


    Recherche d'emploi :

    Quelques conseils pour ne pas perdre de temps

    Car le temps est vraiment le facteur essentiel et incompressible de toute prospection d'emploi.

    I. LE DEMARRAGE

  • S'inscrire immédiatement à l'ANPE (Agence Nationale Pour l'Emploi) et à l'APEC (Agence Pour l'Emploi des Cadres, Ingénieurs, Techniciens) :

    ANPE

    Pourquoi ?

  • Cette inscription vous permettra d'avoir accès à des stages gratuits, utiles soit dans le domaine des techniques de recherche d'emploi (voir plus loin), soit pour des formations complémentaires, ainsi que pour obtenir le payement de certains trajets pour des entretiens.

  • Inscription possible même sans le diplôme de thèse, dès la fin de vos allocations.

  • L'inscription à l'ANPE est nécessaire (mais non suffisante) pour l'obtention d'allocations chômage.

    Où, comment ?

    Il existe certainement (malheureusement) un centre ANPE près de chez vous, néanmoins à partir du diplôme de licence, l'inscription est généralement orientée vers les centres ANPE cadres (2 ou 3 sur Paris). Téléphonez au préalable.

    APEC (Agence Pour l'Emploi des Cadres, Ingénieurs, Techniciens)

    Pourquoi ?

  • Pour l'accès à un certain nombre d'offres d'emploi qui ne passent pas à l'ANPE, ni dans les journaux. L'APEC est renommée, une société cherchant un cadre s'adressera préférentiellement à l'APEC. Une association entre l'ANPE et l'APEC pour augmenter les chances des prospecteurs était en pourparlers...

  • L'APEC est depuis longtemps spécialisée dans les stages d'aide à la prospection d'emploi, ils sont gratuits (comme à l'ANPE) mais sont plus faciles à obtenir qu'à l'ANPE.

  • Accès à une base de données très importante sur les sociétés (bilans annuels...), annuaires dans presque tous les domaines, journaux avec offres d'emploi.

  • Conseillers pour les jeunes diplômés pouvant apporter une aide dans le suivi de la prospection.

  • Une fois inscrit, possibilité d'abonnement à prix réduit au journal de l'APEC qui regroupe les petites annonces APEC de la semaine avec des articles très intéressants sur les différents secteurs d'activités permettant ainsi d'avoir une vision élargie du marché de l'emploi.

    Où, comment ?

    L'accès à ce service est offert aux personnes ayant travaillé et cotisé (pendant 5 ans, je crois) comme cadres et aux jeunes diplômés (diplôme niveau minimum maîtrise). L'APEC est essentiellement subventionnée par les cotisations des cadres et estime rendre un service aux jeunes diplômés (n'ayant pas cotisé pour) et peut donc décider à tout moment d'en changer les conditions d'accès.

    Attention, le dernier diplôme doit être vieux de moins d'un an. Ainsi, vous devez avoir votre diplôme de thèse, car votre diplôme de DEA (ou DESS ou diplôme d'ingénieur) est vieux de plus d'un an. Pour cette raison, par exemple, il m'a été difficile de m'inscrire de retour de post-doc. Néanmoins une lettre à la direction de l'APEC expliquant mon cas a permis de résoudre ce problème.

    Adresse : 51 bd Brune, 75014 Paris. Tél : 40 52 20 00.

  • S'inscrire à l'Association Bernard Grégory

    Pourquoi ?

  • Inscription avec le diplôme de thèse. Cette association s'occupe d'éditer des carnets présentant les CV résumés des jeunes docteurs et de les transmettre aux entreprises privées. Les industriels sensibles aux universitaires lisent ces carnets. Elle met aussi à disposition un serveur Minitel pour suivre les offres d'emploi qu'elle reçoit. L'Association édite aussi une revue intitulée "Formation par la Recherche" qui propose des articles généraux sur l'évolution de l'embauche dans différents secteurs, établit des comparaisons entre les secteurs privés et publics... bref des chiffres pour réfléchir.

    Où, comment ?

  • L'Association n'inscrit pas qui veut. Il faut avoir bénéficié d'une bourse pendant sa thèse comme l'atteste un papier qui sera signé du directeur de thèse. Toutes les disciplines ne sont pas acceptées. Se renseigner auprès de l'association ou des antennes ABG présentes dans les universités.

    Adresse : 53 rue de Turbigo, 75003 Paris, Tél : 42 74 27 40.

  • S'inscrire à l'AVARAP

    Pourquoi ?

    L'AVARAP (une cordée pour l'emploi) est une association qui encadre les chercheurs d'emploi au travers d'un suivi très continu, avec une réunion chaque semaine, au minimum. Cet encadrement est assuré par des bénévoles très compétents (spécialistes de l'Out Placement, chef d'entreprise...) et se poursuit sur plusieurs mois. Il demande un engagement sérieux et responsabilisant pour les chercheurs d'emploi.

    Où, comment ?

    En participant à une réunion d'information préliminaire à la suite de laquelle des groupes seront formés. Il est conseillé d'aborder ce "stage" en ayant déjà un minimum d'expérience de la prospection d'emploi, tel que les stages de techniques d'emploi (voir plus loin).

    Adresse : 90 rue du Moulin Vert,
    Tél : 45 41 42 27.

    II. L'ACTION

  • Faire le point

    Pourquoi ?

    En cette période, n'hésitons pas à le dire, particulièrement difficile, il est important de bien se connaître (compétences, qualités et aussi défauts) pour préparer son projet professionnel. Sans projet professionnel précis, il y a de fortes chances que votre candidature ne réussisse pas à sortir du lot, de toute façon cela transparaîtra dans votre CV. L'APEC propose un document (70F) intitulé Déclic qui permet un regard vers soi-même, si essentiel, (difficile) que nous n'avons forcément pas l'habitude de porter.

  • Participer au plus tôt aux stages de recherche d'emploi

    Pourquoi ?

    Le B.A.BA, une fois inscrit dans les différents organismes, est de participer aux stages de techniques de recherche d'emploi. L'ANPE et l'APEC proposent des stages équivalents. Je conseille de suivre, si possible, les deux. A l'ANPE, le stage TRE (Techniques de Recherche d'Emploi) où, après avoir fait le point sur ses connaissances et compétences, on étudiera en groupe la qualité du CV, on apprendra à écrire une lettre d'accompagnement (de motivation) et on se préparera aux entretiens.

    A l'APEC, les stages sont plus courts, journée ou demi-journée et correspondent à chaque partie du stage TRE : stage CV, stage lettre (de motivation), stage entretien.

    Je me permets d'insister quant à l'utilité de ces stages. Il est en effet très rare de faire un bon CV du premier coup et la littérature sur ce sujet est souvent dépassée. Les personnes qui encadrent ces stages ont été des recruteurs, et suivent l'évolution du marché de la prospection actuelle, ainsi ils connaissent certains trucs utiles pour les entretiens.

  • Faire jouer les contacts

    Pourquoi ?

    Surtout en ce moment, il faut le dire, une lettre de candidature spontanée n'a de chance que si elle coincide précisément avec les besoins de la société. Pour avoir cette chance, il n'y a pas de miracle, il faut s'informer. Une première partie de l'information peut être obtenue grâce aux rapports d'activité des sociétés, bilans annuels... (voir APEC, ANPE). Mais l'essentiel de l'information sera obtenue par contact direct avec un membre de l'entreprise et pour cela pas de mystères, faites jouer vos relations.

    Ces relations sont plus ou moins présentes mais elles existent, même si dans un premier temps, la réaction est de penser que l'on ne connaît personne. D'une façon générale, je ne saurai insister assez sur la nécessité d'établir les contacts le plus tôt possible, en cours de thèse (et pourquoi pas avant).

    Bref ces contacts sont de deux types :

    Contact de travail : développez, approfondissez les contacts que vous avez eus lors de votre thèse. Signalez bien autour de vous que vous cherchez du boulot. Si vous ne vous manifestez pas, n'attendez pas qu'on le fasse pour vous. Continuez à participer aux congrès, si possible.

    Contact par relations : cela consiste, par exemple, à discuter un soir au téléphone, avec une personne inconnue, amie d'ami, ayant un poste dans un secteur qui vous intéresse et qui vous aidera ainsi à mieux établir votre projet professionnel. Plus précieux encore, ce contact sera le sésame qui vous donnera les 20 secondes nécessaires pour vous présenter et proposer d'envoyer votre CV. Il ne s'agit pas de piston, il s'agit juste de vous permettre de sortir de l'anonymat.

  • Participez aux salons

    Pourquoi ?

    Ne comptez pas sur les salons pour trouver un job, surtout en ce moment, mais c'est l'occasion idéale de relever des noms, de s'informer sur l'intérêt d'un profil comme le vôtre pour la société que vous visez. Le point essentiel étant le nom des personnes à contacter, car lors du salon, les intervenants ne connaissent pas obligatoirement votre profil et peuvent être soit trop optimistes soit pessimistes. C'est à vous de gratter la surface en obtenant des rendez-vous d'informations. Ce sera alors le moment rêvé pour poser toutes les questions concernant la société et les futurs membres qu'elle recherche. Pas de fausse pudeur, insistez (doucement), le temps de faire passer la gentille mauvaise foi qui veut que "tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil, tout le monde a potentiellement une place dans la compagnie"... Rien n'est plus pénible que de faire plusieurs relances pour apprendre finalement que l'"on" n'embauche que des ingénieurs, ou que votre cursus n'est pas assez "appliqué"...

    Comment :

    voir l'agenda de Courrier Cadres (journal de l'APEC), aussi dans le journal L'Etudiant...

    En vrac, mais essentiel

  • Consultez les annuaires tels que "les 200 entreprises qui recrutent (édition L'Etudiant)" ou le "mémogenda ; le carnet d'adresse des opportunités de carrières". Néanmoins, n'espérez pas grand-chose en écrivant au service du personnel car il est surchargé de travail.

  • Prendre le temps de consulter pour les adresses le KOMPASS, bible de toutes les sociétés présentées par secteur d'activité en mots-clés.

  • Tenir un planning de toutes ses activités (lettre, contact téléphonique), particulièrement pour le courrier, prévoir de relancer (après environ un mois) encore, et encore..

  • Faire des photocopies du courrier, vous pourrez ainsi lors des contacts futurs, reprendre des arguments ou en développer d'autres.

  • Prendre des notes à chaque visite, échanges téléphoniques.

  • Faire relire les lettres de motivations pour éviter les fautes d'orthographe...

  • Essayez d'obtenir des réunions d'informations.

  • La qualité vaut mieux que la quantité, prendre son temps pour établir les lettres de motivations. Les 30 lettres de candidatures envoyées par jour... personnellement je n'y crois pas!

  • Sélectionner les cabinets de recrutement et les entreprises en fonction de la leur champ d'activité (il suffit de téléphoner) (pour économiser les timbres ...)

    III. LES PETITS PLUS...

  • Prévoir à long terme

    Sans vouloir être pessimiste, prévoir le pire, prévoir à long terme, ne pas se fermer de portes ! C'est à dire s'inscrire à temps pour postuler à des postes qui ne seront ouverts que dans plusieurs mois. Pensez, par exemple, à la liste de qualification pour les postes de maître de conférences... à prévoir plusieurs mois à l'avance. Même chose pour beaucoup de concours de l'administration....

  • Regroupez-vous !

    Rien n'est plus déprimant et déstabilisant que de prospecter. La recherche d'emploi est un emploi à temps complet. Ce sont des jours passés à essayer de contacter quelqu'un. C'est un jour à droite, un jour à gauche pour obtenir des infos. C'est la solitude devant la lettre de motivation à se demander si on a réellement les compétences requises... Bref c'est un emploi du temps très chargé qui ne rapporte rien, ni moralement, ni intellectuellement, ni financièrement dans l'immédiat... Personnellement, je ne connais personne qui ait vécu cette période de façon réjouie. Il faut en être conscient et se regrouper pour se maintenir le moral. En effet on peut se conseiller mutuellement, il est d'ailleurs bien plus facile de donner des conseils utiles aux autres qu'à soi-même et puis on s'organise des réunions sympas qui permettent de faire le point de l'état d'avancement du "projet emploi". Il n'est pas nécessaire d'avoir la même formation. La démarche n'en sera que plus enrichie par des approches différentes.

  • Ne pas arrêter la prospection d'emploi, tant que le contrat n'est pas signé !

    En effet même les personnes ayant les meilleures intentions vis à vis de vous ne pourront pas forcément vous obtenir le poste promis. Prudence donc.

  • Ne pas se décourager, agir pour soi et aussi pour les autres !

    Facile à dire, isn't it ? Peut être, mais c'est vrai, il faut tenir bon, la situation est difficile pour beaucoup et cela peut aider à relativiser. Consacrer quelques heures de son temps à aider les autres (soutien scolaire bénévole, par exemple...) permet de ne pas toujours ressasser ses propres difficultés et d'élargir son cercle de connaissance donc de contacts potentiels (mais j'espère que vous n'avez pas besoin de ces intérêts pour vous décider ! ). Faire du sport.

    Et puis, parce que l'on réussit toujours à sortir de la galère, on peut envisager de ne pas oublier les autres et de les aider à sa façon (tapez un CV propre sur le Mac au bureau, transmettre un CV et pourquoi pas penser réellement en termes de solidarité avec chaîne d'infos, de conseils et aide financière)...

    Bon Courage !

    Blandine Clozel



    A propos du CNRS

    La droite n'aime pas le C.N.R.S., cet organisme qu'elle estime rempli de parasites improductifs et de communistes. En 1986, le ministre Alain Devaquet et le directeur général Serge Feneuille avaient essayé de liquider l'organisme. L'opération, pratiquée sans anesthésie (annulation du recrutement et suspension "définitive" de toutes les instances), avait échoué. En grande partie à cause de la détermination des admissibles qu'on avait mis à la porte avant même qu'ils fussent entrés. Comme l'avait alors fait remarquer un directeur de recherches (syndiqué !) de Pasteur, le C.N.R.S. était défendu par ceux qui n'y étaient pas.

    Maintenant que la droite est de nouveau là, la question du C.N.R.S. est revenue à l'ordre du jour. Si la liquidation brutale est exclue (un corps de fonctionnaires dure au moins aussi longtemps qu'un dinosaure), d'autres scénarios sont à l'étude. Un éclatement en instituts spécialisés est parfois évoqué, ce qui permettrait une purge des secteurs "politisés" sans trop changer le reste. Mais une autre idée est plus répandue. L'augmentation du nombre des étudiants à l'Université (avec l'objectif mythique de 2 millions en l'an 2000), et les départs en retraite massifs d'enseignants d'ici là, demandent d'accroître le nombre des enseignants. On a donc créé les monitorats pour préparer la relève, et boucher les trous çà et là, ainsi que les A.T.E.R. Mais une solution plus économique consiste à pomper sur le "stock" des chercheurs CNRS (10 000), qu'on veut de plus en plus pousser vers la sortie : la "mobilité" est encouragée, c'est-à-dire les candidatures des chargés de recherche (1ère classe) au poste de professeur de 2ème classe. On trouvera des menaces à peine voilées dans l'Annexe. Dans le même temps, les postes de directeurs de recherche au CNRS diminuent sensiblement. Certains technocrates du ministère suggèrent même de faire du CNRS un corps en extinction. Cette évolution n'a rien d'inéluctable : elle peut être enrayée si la communauté scientifique se mobilise, comme en 1986. L'esprit du temps, malheureusement, n'est pas à l'action collective, comme le montre l'agonie (sereine au demeurant) d'Etudiants et Recherche.

    Une autre mesure est envisagée qui économiserait des postes de maîtres de conférences : supprimer la plupart des TD. Les suppressions d'emploi sans licenciement sec sont d'actualité partout...

    Annexe : Communiqué du CNRS du 29 septembre 1993

    Dans le contexte économique actuel, l'objectif de croissance du budget de la recherche par rapport au PIB français ne pouvant être maintenu, le CNRS se doit de participer à l'effort national. L'apport de l'Etat par rapport à la loi de finances rectificative 1993 se traduit par +2,5 % en dépenses ordinaires (DO), -3,7 % en autorisations de programmes (AP) et +3,8 % en crédits de paiement (CP).

    Le BCRD [Budget Civil de RD, NDLR] pour 1994 se caractérise par une meilleure adéquation des capacités de paiement avec les autorisations de programmes. Cette mesure bénéfique permet au CNRS de combler une part significative des retards de paiement de l'année précédente. Toutefois, la diminution des AP, qui sont ramenées au niveau de l'année 1991, réduit considérablement les moyens d'initiative et d'action de l'organisme.

    Le CNRS doit respecter des engagements internationaux, des grands équipements comme VIRGO et assurer la poursuite des projets de développement scientifique en région. Cette réduction des AP se répercutera donc fortement sur les laboratoires. Le CNRS pourra néanmoins assurer le paiement des commandes des laboratoires passées en 1993 mais devra moduler, selon les priorités stratégiques, les diminutions des moyens d'engagements.

    En matière d'emplois chercheurs, le flux minimal de recrutement peut être maintenu autour de 3 % par an à condition que la mobilité vers l'enseignement supérieur soit améliorée. Enfin, le CNRS ne dispose pas de moyens spécifiques suffisants pour augmenter ses possibilités d'accueil de chercheurs étrangers dans ses laboratoires et ainsi participer au rayonnement de la France auprès de la communauté scientifique européenne et internationale. [La possibilité d'accueillir des chercheurs étrangers était l'une des raisons premières de la création du CNRS, NDLR.]

    Post-scriptum : Le CNRS insiste fortement sur la mobilité vers l'enseignement supérieur dans le Journal du CNRS de novembre 1993.

    Eric Bringuier



    Le niveau baisse ? (suite)

    Dans le Bulletin précédent, je faisais état du niveau généralement décevant, et parfois alarmant, de diplômés d'études approfondies en physique. Je disais que des chercheurs tentaient d'enseigner en DEA afin de "capturer" de bons étudiants. Mes remarques étaient issues du milieu physique parisien, et de conversations nord-américaines, mais en discutant récemment avec un camarade d'études installé à Bordeaux, j'ai entendu : "Ici on ne repère pas les bons étudiants en DEA, mais pendant la maîtrise, et dès leur entrée en DEA on leur fait des avances". Le malaise est donc très réel.

    A l'avenir il est probable que le niveau ne montera pas, car le dernier son de cloche entendu en provenance de DEUG et même de PCEM (depuis 1993) parisiens est que “l'Université sert à alléger les statistiques de l'ANPE”, en attendant le reflux du chômage ...

    Eric Bringuier



    Brève

    Suite au succès de la manifestattion du 16 janvier 1994, de nouveaux postes de maîtres de conférences ont été créés. Il y en aura donc

    1 050 (avant la manifestation)

    + 50 (obtenus juste avant)

    + 575 (obtenus après)

    soit 1 625 mis au concours en 1994, contre près de 3 000 en 1993.



    PROTESTATION

    Dans le Bulletin d'Information n°24, Joël Marchand faisait une bonne synthèse des problèmes rencontrés en 3ème cycle universitaire, problèmes qui justifiaient l'action d'Etudiants et Recherche.

    Le Bulletin d'Information disparaît en même temps que l'association et j'en profite pour protester une dernière fois contre l'intolérable qui se rencontre parfois au quotidien dans les laboratoires.

    La formation doctorale à et par la recherche, cela signifie quoi ?

    Un bizutage de quelques années (quatre en moyenne) qui servirait d'initiation à la vie, à l'environnement et au fonctionnement du monde de la recherche ?

    Cette "initiation" ou plutôt cette formation qui se transforme ensuite en expérience professionnelle, justifie-t-elle des actes ou des comportements répréhensibles mais qui, dans le cadre de la formation doctorale, doivent être considérés comme normaux par ceux qui les subissent sous peine d'être considérés comme inaptes au monde de la recherche scientifique ?

    Cette formation doctorale sert-elle, si vous êtes une femme, à vous signifier qu'à l'aube du 21ème siècle, vous n'êtes toujours et uniquement qu'un sujet de convoitise ? Car il ne faut pas l'ignorer, le harcèlement sexuel qu'il soit d'aspect anodin, discret, pernicieux ou flagrant, existe aussi dans certains laboratoires de recherche.

    Si c'est le cas, sachez trois choses :

    1 - la seule attitude à adopter est celle du refus. La réplique ou la protestation a d'autant plus de portée qu'elle est effectuée en public.

    2 - la réaction de ces messieurs, qu'elle prenne la forme de dénigrements outrés ou de tentatives pour nous culpabiliser en renversant le problème, confirme plutôt leur véritable intention qu'elle ne nous déstabilise.

    3 - on ne convoite que ce que l'on n'est pas ou ne peut pas posséder, mais pas ce que l'on ne veut pas.

    Pour qui nous prend-on ?

    Des enfants à éduquer quels que soient notre personnalité et notre parcours individuel ? Au nom de quoi et de quel droit ? Celui de la formation à et par la recherche ? Les détenteurs d'un savoir à transmettre se sentent-ils si supérieurs face à ceux qui commencent leur formation doctorale ? Ne pas savoir et vouloir apprendre, est-ce synonyme d'infériorité ?

    N'y a-t-il pas parfois confusion entre niveau de connaissances plus élevé et supériorité ?

    Où est le respect élémentaire de l'individu ?

    Chacun rencontre la mesquinerie et la jalousie. Cette formation par la recherche nécessite-t-elle les fameux "gags" - terme consacré usuel signifiant que nous assumons et prenons les choses de haut - que tout le monde rencontre sans forcément le dire ? Sabotage de manip pour nous apprendre la vie de laboratoire, effacement de fichiers d'ordinateur, brimades diverses ...

    A quoi riment tous ces enfantillages ?

    Chacun passe par une période dite "paranoiaque". Mais si vous apprenez que vous êtes paranoiaque, méfiez-vous qu'il ne s'agisse d'une réputation propagée par ceux qui veulent se protéger, qu'ils soient les auteurs des fameux "gags" ou volontairement aveugles.

    Chacun est ou se sent testé voire attaqué soit sur son enthousiasme et sa passion de la recherche, soit sur sa réserve et scepticisme suivant les cas. En quoi cette spontanéité est-elle un signe d'immaturité ? La démarche scientifique n'implique-t-elle donc pas au préalable une certaine lucidité et objectivité ?

    Chacun doit, à un certain moment, pousser un coup de gueule et rappeler les limites, pourtant évidentes, du tolérable pour avoir sa place physique et humaine dans le laboratoire.

    Chacun traverse une période de découragement, étape déterminante qui permet de diminuer le nombre de futurs postulants chercheurs et combat personnel.

    Et chacun connaît la pression exercée par l'angoisse due à l'absence de résultats.

    Or deux conditions sont indispensables pour soutenir une thèse en sciences expérimentales.

    - Nous avons l'obligation d'obtenir des résultats innovants et révolutionnaires en un minimum de temps.

    - Nous sommes tenus de publier des articles dans les meilleures revues internationales de notre discipline.

    Mais que demande-t-on alors aux chercheurs confirmés ? Combien et au bout de combien d'années publient-ils dans les premières revues scientifiques ?

    Nous, doctorants, n'avons ni statut, ni reconnaissance pendant les 4 à 5 années de la formation doctorale (cf. le terme de travailleur ou chercheur bénévole (sic) qui, sur les listes de personnel du CNRS ou de l'INSERM, distingue le doctorant non subventionné), mais nous devons fournir des résultats et publier en premier signataire au top du hit-parade des revues.

    Les directeurs de laboratoire vont-ils enfin admettre, ou mieux, reconnaître, que nous sommes autre chose que de la main d'oeuvre et que le travail que nous réalisons n'est pas différent de celui des chercheurs titularisés ?

    N'y a-t-il pas une certaine hypocrisie à demander aux doctorants d'être d'aussi bons chercheurs sinon meilleurs que ceux qui doivent leur dispenser un savoir, sans par ailleurs leur accorder une reconnaissance statutaire ?

    Pourquoi la fin de la formation doctorale en sciences expérimentales, marquée par la soutenance de thèse qui ouvre la porte d'entrée dans la famille des chercheurs, ne semble dépendre que de deux facteurs :

    - savoir s'ébaudir au bon moment, preuve de notre intégration dans l'équipe ;

    - obtenir des résultats qui ne peuvent être que positifs, l'obtention de résultats négatifs, eux, malgré les informations qu'ils apportent, tendant plutôt à démontrer notre incapacité ?

    La formation à la recherche ne vise-t-elle pas à structurer la réflexion, acquérir une méthodologie, forger un esprit scientifique ? Concrètement :

    Savoir montrer et réaliser un protocole, adapter sa démarche et sa réflexion scientifique en fonction de l'ensemble des résultats expérimentaux et des publications ;

    Reconnaître la fiabilité d'un article et s'en servir de référence, participer à des discussions scientifiques, établir des collaborations avec les autres équipes ;

    Défendre sa recherche surtout lorsqu'elle bouscule un peu les théories précédentes et les esprits réticents.

    Sachez également qu'une formation doctorale peut se terminer par une lutte pour préserver sa dignité et conserver son honnêteté intellectuelle.

    Une lutte contre un chantage qui consiste à n'autoriser la soutenance de thèse qu'à la condition d'écrire un article dans lequel les résultats seraient tronqués et leur interprétation frauduleuse.

    Un chantage exercé simplement parce que les résultats réels obtenus, indépendamment de leur intérêt, ne correspondent pas aux résultats voulus par le directeur de thèse.

    Il arrive qu'un doctorant soit "descendu" le jour de sa soutenance de thèse par un directeur de thèse ragaillardi par la présence du public et du jury, puis interdit de laboratoire dès le lendemain. Pourquoi ?

    Pour n'avoir cédé, ni au chantage ni à la fraude scientifique ;

    Pour s'être opposée à l'obscurantisme et à la défection ;

    Pour être née femme aussi peut-être et avoir eu des activités syndicales et des responsabilités au sein de l'association "Etudiants et Recherche", état (femme) et activité (syndicale) qui suscitent la peur et la répréhension.

    Sachez que pour avoir résisté et lutté, au nom de la dignité humaine et d'une certaine éthique scientifique, un doctorant peut voir sa carrière de chercheur irrémédiablement cassée de par la volonté d'un directeur de thèse, aidé par tous ceux qui l'ont cautionné, soit par immobilisme, soit par aveuglement.

    Après, il y a 15 mois de chômage et la précarité de l'emploi sous la forme d'un contrat à durée déterminé de deux mois.

    C'est cela aussi la réalité de la formation doctorale. Alors, de qui se moque-t-on ?

    La France a besoin de chercheurs et de docteurs d'université, mais lesquels et dans quels domaines ?

    Les écoles doctorales se développent mais avec quels objectifs, pour quelle réalité et avec quels emplois à la clé ?

    Marie-Cécile Pasquier



    Tout n'est pas totalement noir

    Je ne pouvais pas laisser clore ce bulletin sans compléter ce cri d'indignation. Mon point de vue est sensiblement différent, puisque je ne suis qu'au début de thèse.

    Le nombre sans cesse croissant de doctorants laisse à penser que la recherche présente des avantages, ou bien que les doctorants aiment délibérément souffrir (ce dont je doute fort). Il est vrai que des périodes "noires" existent pour chacun. Elles ne sont malheureusement pas spécifiques du monde de la recherche : il est nécessaire d'en prendre conscience pour relativiser sa situation.

    Non, je ne suis pas dans le labo idéal (existe-t-il ?) ; mon "chef" sait être exécrable, les tensions sont importantes dans le laboratoire, mais cela ne m'empêchera pas d'apprécier la recherche. Certes l'absence de statut pour les doctorants complique certaines situations et la période de "bizutage " est effectivement longue et rude. Elle apporte cependant un grand nombre de satisfactions, sinon pourquoi des étudiants de grandes écoles d'ingénieur choisiraient-ils la recherche ? L'optimiste que je suis y voit une preuve de l'intérêt du métier de chercheur ; d'autres plus pessimistes l'interpréteraient comme un réel malaise dans le marché de l'emploi (ce en quoi ils n'auraient pas totalement tort malheureusement).

    Le métier de chercheur, indirectement productif mais cependant nécessaire à la société, est dur, puisque le chercheur est libre d'organiser ses activités tout en étant strictement contrôlé par le système des publications.

    C'est un milieu où les tensions peuvent être aussi importantes que l'ambiance se veut quelquefois "jeune et détendue". La renommée d'un chercheur (du moins à court terme) n'est pas toujours le reflet de ses qualités réelles : le copinage et les luttes d'influences existent aussi dans le monde de la recherche. Contre cela un étudiant seul ne peut pas grand chose, sauf en avoir conscience tout au long de sa carrière.

    Enfin, je tenais a préciser que les conditions et les moyens de travail sont extrêmement variables d'une part selon les secteurs de recherche, d'autre part selon les laboratoires et donc selon les étudiants, et ce sont ces disparités qui sont intolérables et que l'association Etudiants et Recherche tentait de réduire. Malheureusement peu d'étudiants l'ont compris.

    Isabelle Colin



    Un peu de
    statistique

    1990-1991 : 51 00 thèses en cours en France

    La Sous-Direction de l'organisation et du financement des études doctorales (SDED (ex DRED, NDLR)) du Ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche a publié récemment un fascicule qui rend compte, notamment, de l'évolution du nombre de thèses de 1981 à 1991. Cette analyse met en évidence un net décollage à partir de 1989.

    Cette étude réalisée par la SDED confirme la tendance à l'augmentation du nombre de thèses engagées, déjà suggérée dans le rapport de l'an dernier.

    Plus rapide et plus net en sciences, le décollage est plus récent dans les sciences humaines et pas encore observé en droit. Ce constat est à rapprocher de la durée moyennesdes thèses dans ces disciplines.

    Le pourcentage d'étudiants étrangers se maintient aux alentours de 35%.

    Par ailleurs, une analyse des soutenances (pour 1990) confirme l'attraction de l'Ile-de-France (42% des soutenances en lettres et sciences humaines et sociales et 22% en sciences). La moitié sud de la France, la Lorraine, l'Alsace, le Nord-Pas de Calais et la Bretagne conservent néanmoins de bonnes positions. De plus, la bonne corrélation observée entre productivité en thèses et taux d'attribution des primes d'encadrement doctoral et de recherche, souligne l'importance de l'effet de taille des établissements. Dans le peloton de tête des académies : Montpellier, Paris et Versailles, puis Strasbourg, Grenoble, Lyon, Nancy-Metz et Amiens.

    L'âge moyen d'un thésard en sciences est de près de 5 ans inférieur à celui d'un thésard en lettres et l'âge moyen d'un thésard étranger est de 2 ans supérieur à celui d'un français ; cependant, il faut tenir compte de la possibilité d'inscriptions sans suite ou d'interruptions non signalées, qui peuvent en fausser les résultats.

    Une comparaison entre la situation en 1988 et celle de 1991 montre que le nombre de diplômés de DEA a augmenté de 21% et le nombre de soutenances de thèse de 35%. Le nombre de succès a cependant légèrement fléchi, quand on considère d'une part, une cohorte de diplômés de DEA en 1985 et, d'autre part, de soutenances de thèses dans le délai optimal de 3 ans en 1988 et qu'on la compare à la cohorte 1988-1991 : le rapport du nombre de diplômés au nombre d'inscrits est en effet passé de 63% à 62% et celui du nombre de soutenances au nombre des premières inscriptions en thèse de 77% à 72%.

    L'étude des attributions de DEA et de doctorats en fonction de la nationalité des étudiants montre que, sauf en sciences, les étrangers sont plus nombreux à s'inscrire et à soutenir un doctorat qu'un DEA. La situation est, de manière préoccupante, inverse pour le trop petit nombre d'étudiants originaires de la CEE. Enfin, le taux de retour des étrangers dans leur pays après un DEA est faible ; en revanche, plus de la moitié y retournent après la soutenance de leur doctorat.

    Référence :

    Diplômes d'Etudes Approfondies - Campagne 92 et rapport de l'Observatoire des thèses II - Novembre 1992 - Ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche - Sous-Direction de l'organisation et du financement des études doctorales.

    Lu dans la Lettre d'Info du MER, "Enseignement Supérieur et Recherche", n°102 d'oct. 1993, p 7.

    NDLR : Notons que 1988 correspond à la dernière année où les doctorants avaient le choix de s'inscrire soit en ancienne thèse d'Etat, soit en nouvelle thèse d'Université.

    Commentaire

    Une des questions lancinantes qui agitent le microcosme thésitif français depuis la nuit des temps universitaires, et dont notre Bulletin s'est fait l'écho dès ses premiers numéros (sans doute dans le but, inavoué, d'augmenter son tirage) est "Qui sommes-nous ? Combien sommes-nous ?". Une récente partie de bras de fer entre le journal Le Monde et l'Université P. et M. Curie (Paris 6) jette une lumière insolite sur la deuxième partie de la question, à savoir, le nombre des doctorants, question qui semble plus ardue encore à résoudre que le grand théorème de Fermat. Un article du Monde du 25/11/1993 (cité supra par Michel Cartereau) montre que l'encadrement est plus élevé que la moyenne à Paris 6. Si cela n'a pas surpris la plupart des professeurs de ladite université, le président (professeur de médecine) J.-C. Legrand a demandé un droit de réponse où il souligne que l'important personnel enseignant de l'université est justifié (entre autres) par le fait que Paris 6 fournit à elle seule 25 % des thèses françaises en sciences et médecine (comme si c'étaient les thésards qui mobilisaient le plus d'enseignants...). Devant la réticence de la rédaction du Monde, qui fait valoir l'origine ministérielle des chiffres publiés, il demande à acheter de l'espace publicitaire dans le journal (pour 115 119 F HT) afin d'y exposer ses chiffres et ses arguments, ce qui lui est finalement refusé. Colère de J.-C. Legrand, qui fait éditer un numéro spécial de la revue interne de l'université pour exposer l'affaire. Numéro intitulé "Le silence est d'or" : comme on va le voir, c'était le cas de ne pas le dire...

    On apprend par les statistiques officielles de Paris 6 que le nombre de thèses en cours à Paris 6 est de 1 300. Si cela représente 25 %, il y aurait 5 200 thèses/an en sciences et médecine dans toute la France. Comme les services de M. Legrand reçoivent la Lettre d'information Enseignement supérieur & Recherche éditée par le ministère du même nom, ils ont pu lire dans le numéro 102 dont nous avons publié un extrait, qu'il y avait 51 000 thèses en cours au titre de l'année 1990-91, pour toutes les disciplines. Selon le rapport DRED 1991, la durée moyenne d'une thèse, de 2,95 à 4,56 ans selon les secteurs, est en moyenne de 3,83 ans (i). En régime stationnaire, 51 000 doctorants correspondent donc à 13 300 soutenances/an. Mais le même rapport donne 5 670 thèses soutenues en 1990, tandis que la DEP en recense 6 870. Commentaire de la DRED : "Ce nombre [51 000], confirmé par deux sources différentes, pose, si on le rapporte à celui des soutenances (6900 en 1990) et à celui de la durée moyenne (3,8 ans) un réel problème d'interprétation (sic)". Essayons d'aider les statisticiens (ii), en admettant un taux de réussite de 72 %, ce qui fait 9 600 thèses/an.

    Il suit du chiffre de Paris 6 qu'il y aurait 4 400 thèses/an en sciences humaines (46 %) pour 5 200 en sciences dures (54 %), alors que DRED 91 donne 32 % et 68 % respectivement (1990) ! En prenant les chiffres bruts des soutenances, on aurait 5 200 thèses/an en sciences dures pour 470 à 1 670 thèses/an en sciences humaines ! La conclusion de tout cela est que certains présidents d'université devraient lire les gazettes officielles, si possible avec un oeil critique (iii), avant d'engager le nom et l'argent de l'université pour diffuser leurs "informations" sans même mentionner l'origine et le mode de calcul des chiffres, notamment celui de 25 %. On trouve ce pourcentage, joint au chiffre (vérifié auprès de la scolarité) de 1300, sur papier glacé, en quadrichromie et version bilingue, dans "Recherche Technologie - Ile de France" (Editions Internationales, Toulouse, juil. 1993, p. 39), livre édité par le Ministère, préfacé par F. Fillon et parrainé par l'Institut de France, avec un mot du secrétaire perpétuel de l'Académie des sciences. Comment ne pas y croire ? La mégalomanie de Paris 6 l'emportera : dans le Monde du 16/12/1993 (p. 21), on trouve que les 1300 thèses/an de Paris 6 représentent 50 % des thèses scientifiques françaises ! D'où sort le dénominateur du journaliste, mystère.

    Nos lecteurs savaient les capacités statistiques de l'Observatoire des Thèses limitées (Bull. no. 16, p. 3). Aujourd'hui encore, la statistique des doctorants semble du domaine de l'indécidable, et certains "responsables" y ajoutent de l'entropie à la pelle. Il semble que la rigueur scientifique soit un idéal inaccessible, du moins à certains "scientifiques".

    A la question qui tourmente nos lecteurs "Combien sommes-nous ?", au terme de ce 25ème et ultime Bulletin nous sommes en mesure de répondre i) que nous sommes beaucoup, et ii) que nous sommes de plus en plus nombreux. Le reste est plutôt spéculatif, peut-être même faut-il le déclarer non scientifique, au même titre que la question identitaire "Qui sommes-nous ?", dont nos lecteurs, rompus à la rigueur scientifique, avaient perçu le caractère parfaitement métaphysique. Au cours de mes vagues études de physique, j'ai appris que résoudre ce genre de question consiste à évacuer la question. En disparaissant, l'Association indique la seule bonne réponse : ne plus être. C'est à dire ne plus être thésard. A tous, avant notre clip de fin, je souhaite une bonne soutenance.

    Eric Bringuier

    (i) Paris 6 a 3 960 thésards pour 1 300 thèses/an, soit une durée de 3,05 ans.

    (ii) Mais signalons que le pourcentage de soutenances franciliennes, 22 %, est peu crédible ; le rapport DRED donne d'ailleurs, pour 1990, 26% des soutenances sur l'académie de Paris !

    (iii) Si l'on me permet de pousser l'esprit critique jusqu'à la cruauté, j'observerai que les universités étant subventionnées en proportion directe du nombre d'inscrits en doctorat, ont intérêt à déclarer le plus grand nombre d'inscriptions.

    PS : c'est dans l'attente de l'issue du bras de fer Le Monde/P. 6 que la parution de ce Bulletin a été différée. Remerciements à Joël Marchand, qui a relevé des confusions dans la première version de mon article, et qui a obtenu les rapports intégraux de la DRED.


    [Retour au sommaire]

    E-mail : er@poppea.polytechnique.fr - Copyright © 1986-1994 Etudiants & Recherche.