Au sommaire
Cette fois-ci, c'est malheureusement la bonne,
ou plutôt la mauvaise, car la dernière : ce bulletin
sera le dernier publié par Etudiants et Recherche. L'association
ne verra a priori pas la nouvelle année qui s'annonce.
Près de sept ans d'existence, vingt-cinq bulletins,
le décret sur la sécurité sociale, la formulation
et l'expression des problèmes du troisième
cycle aux niveaux national et local, l'échange humain
entre ses participants .. Dommage vraiment, le bilan est plus
qu'honorable et l'aventure bien sympathique.
Alors cher lecteur, adieu ! L'adresse postale,
le répondeur ci-dessus, l'adresse électronique
er@ariana.polytechnique.fr te permettront de contacter
le dernier carré de gens actifs.
Même si je n'ai pu qu'assister à la
fin d'Etudiants et Recherche, je tenais à témoigner
ici de l'importance qu'a prise l'association pour moi au cours
de cette année.
Arrivée à Paris en septembre 1992 pour
effectuer un DEA de Neurosciences, j'ai rapidement cherché
à rencontrer d'autres étudiants de troisième
cycle. Ceci d'une part pour prendre contact avec le milieu étudiant
parisien, et d'autre part afin de ne pas m'isoler dans mon domaine
de recherche. Je ne pouvais espérer mieux lorsque j'ai
été accueillie par le "noyau dur" de l'association
; groupe dynamique de personnes sympathiques. Cependant au fil
des réunions, le point noir du renouvellement des membres
actifs apparaissait de plus en plus sombre !
Envahie par mon DEA, je n'ai pu qu'assister à
cette démobilisation progressive faute de nouveaux membres
actifs. Comment demander à ce "noyau dur", constitué
principalement d'ex-étudiants", de se battre
pour des causes ne les concernant plus directement ? J'ai bien
essayé (sans réellement insister je le reconnais)
de sensibiliser des étudiants de mon entourage, mais sans
résultat ; comme les divers appels lancés par l'association
d'ailleurs.
Pourquoi cette démobilisation des étudiants
pour défendre leur propre situation ? Est-elle si idyllique
? Certainement pas ; surtout actuellement où les débouchés
s'amenuisent, où il est question de modifier le mode d'attribution
de l'allocation logement pour les étudiants, où
sont mises en place des écoles doctorales visant à
rompre l'isolement des thésards, mais aussi à les
contrôler.
Le financement est également à améliorer
: peut-on admettre qu'une bourse de thèse ne soit pas toujours
versée dès la fin du DEA, et qu'obtenir un financement
post-doctoral relève du parcours du combattant ? Alors
pourquoi ne pas tenter d'améliorer ces conditions ? Certes
créer un groupe actif n'est pas des plus simples mais l'association
a déja montré son efficacité. Je regrette
sincèrement que personne ne désire profiter de ce
terrain favorable et reprendre le flambeau.
Le côté humain de l'association est
également à prendre en compte. En effet, les conseils
et soutiens dont j'ai pu bénéficier cette année
au contact de ce "noyau dur" m'ont beaucoup aidée
tout au long de cette année. Par l'association j'ai également
découvert d'autres domaines de recherches et ainsi pu mieux
prendre conscience de la diversité des situations existant
dans le monde de la recherche. Elle m'a également permis,
en parlant de mon domaine de recherche, de redécouvrir
ce domaine avec les yeux d'autres chercheurs.
J'arrêterai là mon éloge du "noyau
dur" de l'association avant qu'il ne perde sa crédibilité.
Je lance seulement mon appel à celles et ceux qui se sentent
concernés par la condition des étudiants-chercheurs,
pour qu'ils prennent conscience qu'agir sous les conseils d'un
tel noyau dur est une opportunité offerte qu'il serait
dommage de laisser perdre, mais qu'il faut saisir tout de suite.
Cette année je suis prête à prendre le relais
et surtout à le partager avec de nouveaux membres actifs.
Cet article apporte quelques informations sur le
statut d'attaché temporaire d'enseignement et de recherche
(ATER). Ce statut constitue une des composantes du ì vivier
d'enseignants-chercheurs î. Cet emploi d'enseignant-chercheur
contractuel, intermédiaire entre le monitorat et la maîtrise
de conférences, peut fournir un financement en fin de thèse.
Il a été créé en 1988 (décret
n_ 88-564 du 7 mai, paru au Journal officiel du 8 mai)
et il a été légèrement modifié
en 1989 (décret n_ 89-795 du 30 octobre paru
au JO du 31) puis en 1993 (décret n_ 93-360 du 21 juillet
paru au JO du 28). En 1992, 800 postes d'ATER ont été
affectés [Le Monde du 25 novembre 1993].
Quel est le statut d'ATER ?
Recruté par un rectorat d'académie
sur un contrat à durée déterminée
(CDD), l'ATER doit assurer soit un service complet d'enseignement
(c'est-à-dire 192 h équivalentes à des
travaux dirigés - TD - une heure de cours magistral
valant une heure et demie de TD, et une heure et demie de travaux
pratiques valant une heure de TD), soit un demi-service. Il doit
aussi participer notamment aux contrôles de connaissance
et aux examens.
Pour pouvoir devenir ATER, il faut appartenir à
l'une des catégories suivantes :
1_ Les fonctionnaires titulaires et stagiaires
de catégorie A de l'Etat, des collectivités territoriales
ou d'un établissement public en dépendant, inscrits
en vue de la préparation du doctorat ou d'une habilitation
à diriger des recherches ou s'engageant à se présenter
à un concours de recrutement de l'enseignement supérieur.
La durée du contrat est au maximum de trois ans avec la
possibilité d'une année supplémentaire ì lorsque
les travaux de l'intéressé le justifient î.
2_ Les allocataires d'enseignement et de recherche
ayant cessé d'exercer leurs fonctions depuis moins d'un
an, titulaires d'un doctorat et s'engageant à se présenter
à un concours de recrutement de l'enseignement supérieur.
La durée du contrat est d'une année au maximum avec
la possibilité d'une année supplémentaire
ì lorsque les travaux de l'intéressé
le justifient et à condition d'être âgé
de moins de 33 ans au 1er octobre de l'année universitaire
de renouvellement î.
3_ Les enseignants ou chercheurs de nationalité
étrangère ayant exercé des fonctions d'enseignement
ou de recherche dans un établissement étranger d'enseignement
supérieur ou de recherche pendant au moins 2 ans,
titulaires d'un doctorat ou d'un titre ou diplôme étranger
jugés équivalents par la commission de spécialistes
compétente. La durée du contrat est au maximum de
trois ans, éventuellement renouvelé une fois pour
une année.
4_ Les moniteurs recrutés dans le cadre
du monitorat d'initiation à l'enseignement supérieur,
titulaires d'un doctorat ou sur proposition de leur directeur
de thèse qui doit attester que leur thèse peut être
soutenue dans un délai d'un an, et s'engageant à
se présenter à un concours de recrutement de l'enseignement
supérieur. La durée du contrat est, selon les mêmes
conditions qu'en 2_, d'une année avec la possibilité
d'une année supplémentaire.
5_ Les étudiants n'ayant pas achevé
leur doctorat et dont le directeur de thèse doit attester
que leur thèse peut être soutenue dans un délai
d'un an. La durée du contrat est au maximum d'un an, renouvelable
une fois pour une durée d'un an, à condition de
justifier de l'obtention du doctorat.
6_ Les titulaires d'un doctorat ou d'une habilitation
à diriger des recherches, s'engageant à se présenter
à un concours de recrutement de l'enseignement supérieur.
La durée du contrat est au maximum d'un an, renouvelable
une fois pour une durée d'un an.
Chaque poste est rattaché à un établissement
(université, IUT, etc) et répertorié dans
une section nationale (cf. annexe). La rémunération
minimale est de l'ordre de 11 000 F bruts pour un service
complet. Le contrat prend effet à partir du 1er septembre
jusqu'au 31 août de l'année suivante, au plus tard.
Il est possible de négocier une durée inférieure,
notamment dans le cas du recouvrement avec un contrat précédent
de monitorat, en se renseignant sur les conséquences futures
vis à vis du calcul de l'ancienneté de fonctionnaire
(lors de la titularisation ou de l'avancement sur un poste de
maître de conférences par exemple). Dans le cas d'une
durée partielle, le nombre d'heures d'enseignement est
calculé au prorata de la durée du contrat (sur la
base de 192 h TD pour 12 mois en service complet).
Comment candidater ?
Le recrutement s'effectue via une sélection
sur dossier réalisée par la commission de spécialistes
universitaire de la section dont dépend le poste (le service
du personnel enseignant de l'université - à
laquelle est rattachée l'établissement - peut
renseigner sur cette commission, ainsi qu'un secrétariat
d'UFR). Deux filières de recrutement coexistent :
a) au niveau du rectorat : une série
de postes fait l'office d'une publication au Bulletin Officiel
de l'Education Nationale vers mai-juin. Le recrutement est alors
a priori pris en charge administrativement par le service des
personnels enseignant du supérieur au rectorat de l'académie
(cf. annexe) dont dépendent les postes. Il faut donc
s'adresser à ce service afin de constituer un dossier de
candidature, et aussi, par précaution, se renseigner auprès
des établissements auxquels sont affectés les postes.
b) au niveau de l'établissement :
pour cette autre série de postes, beaucoup plus fournie
que la première, la procédure se déroule
différemment. Il n'y a ni publication systématique
des postes, ni directives particulières relatives aux dossiers.
En l'absence d'informations, il vaut mieux s'adresser au président
de la commission de spécialistes ou se renseigner autour
de soi. En outre, certains postes vacants de maîtres de
conférence (non pourvus, libérés suite à
une mutation ou une promotion etc.) sont transformés en
postes d'ATER en dernière minute.
Les dossiers sont ensuite examinés normalement
vers fin septembre ou début octobre par la commission de
spécialistes, qui auditionne éventuellement et qui
établit un classement des quelques candidats retenus pour
chaque poste. Il est à noter que la commission favorise
les candidats ì locaux î et les moniteurs.
Elle peut éventuellement décider de diviser un poste
par moitiés. Les candidats sélectionnés ne
sont pas souvent mis au courant de leur classement, mais le premier
classé est très rapidement informé. En cas
de refus du poste, il doit confirmer son désistement par
écrit, ce qui peut retarder la sélection finale
par un effet de réaction en chaîne. Il est possible
de se renseigner sur la date de réunion de la commission
et, en l'absence d'informations, de téléphoner
quelques jours après cette date.
Il est conseillé de soigner la réalisation
de son dossier de candidature et de contacter autant que possible
les personnes impliquées dans l'attribution des postes
(notamment le président de la commission de spécialistes).
Ainsi, par exemple, on pourra indiquer sur une lettre de candidature,
sa prédisposition à accepter un demi-poste.
Comment conclure ?
Alors que, de par leur définition légale,
les caractéristiques du statut sont formalisées,
les modalités de recrutement, par contre, relèvent
de la cuisine universitaire dont les recettes empiriques produisent
de manière quelque peu obscurantiste des résultats
pas toujours ragoûtants ! Certains n'hésitent
pas à parler de ì magouilles î.
Bref, on l'aura compris, candidater à un poste d'ATER implique
de consacrer beaucoup de temps et d'énergie dans la course
à l'information, d'avoir de la chance ou de profiter d'un
ì souteneur î influent et efficace. Il
ne faut cependant pas oublier qu'être ATER signifie enseigner
et que cela ne s'improvise pas...
Post Scriptum :
a) Pour tout renseignement d'ordre administratif,
il est possible de s'adresser au CIRA (centre interministériel
de renseignements administratifs, 1-40.01.11.01 à Paris,
consulter les annuaires pour les centres régionaux) ou
aussi à un syndicat d'enseignants.
b) Il est à noter qu'il existe des statuts
équivalents dans les établissements d'enseignement
supérieur publics qui ne dépendent pas du ministère
de l'Education nationale : par exemple, le statut d'assistant
d'enseignement et de recherche contractuel (AERC) dans les écoles
d'ingénieurs du ministère de l'Agriculture (défini
par le décret n_ 91-374 du 16 avril 1991 paru
au JO du 19 avril 1991).
Annexe : Liste des rectorats
Cette table indique le numéro de téléphone
du rectorat et les départements rattachés.
Aix-Marseille 42.24.88.88 4,5,13,84
Amiens 22.82.38.23 2,60,80
Antilles-Guyane 19-596-59.90.00
Besançon 81.65.47.00 25,39,70,90
Bordeaux 57.57.38.00 24,33,40,47,64
Caen 31.30.15.00 14,50,61
Clermont-Ferrand 73.90.34.00 3,15,43,63
Corse 95.50.33.33
Créteil 1-49.81.63.47 77,93,94
Dijon 80.44.84.00 21,58,71,89
Grenoble 76.74.70.00 7,26,38,73,74
Lille 20.15.60.00 59,62
Limoges 55.11.40.40 19,23,87
Lyon 72.73.54.54 1,42,69
Montpellier 67.61.47.00 11,30,34,48,66
Nancy-Metz 83.34.20.20 54,55,57,81
Nantes 40.37.37.37 44,49,53,72,85
Nice 93.53.70.70 6,83
Orléans-Tours 38.79.38.79 18,28,36,37,41,45
Paris 1-40.46.22.11
Poitiers 49.54.70.00 16,17,79,86
Reims 26.05.69.69 8,10,51,52
Rennes 99.28.78.78 22,29,35,56
Réunion 19-262-48.10.10
Rouen 35.08.87.00 27,76
Strasbourg 88.23.37.23 48,67
Toulouse 61.36.40.00
9,12,31,32,46,65,81,82
Versailles 1-30.83.44.44 78,91,92,95
Annexe : Liste des sections du Conseil national
des universités
01 | Droit privé et sciences criminelles |
02 | Droit public |
03 | Histoire du droit et des institutions |
04 | Science politique |
05 | Science économique générale |
06 | Sciences de gestion |
07 | Sciences du langage : linguistique et phonétique générales |
08 | Langues et littératures anciennes |
09 | Langue et littérature françaises |
10 | Littératures comparées |
11 | Langues et littératures anglaises et anglo-saxonnes |
12 | Langues et littératures germaniques et scandinaves |
13 | Langues et littératures slaves |
14 | Langues et littératures romanes : espagnol, italien, portugais, autres langues romanes |
15 | Langues et littératures arabes, chinoises, japonaise, hébra |
16 | Psychologie, psychologie clinique, psychologie sociale |
17 | Philosophie |
18 | Arts : plastiques, du spectacle, musique, esthétique, sciences de l'art |
19 | Sociologie, démographie |
20 | Anthropologie, ethnologie, préhistoire |
21 | Histoire et civilisations : histoire et archéologie des mondes anciens et des mondes médiévaux ; de l'art |
22 | Histoire et civilisations : histoire des mondes modernes, histoire du monde contemporain ; de l'art ; de la musique |
23 | Géographie physique, humaine, économique et régionale |
24 | Aménagement de l'espace, urbanisme |
25 | Mathématiques |
26 | Mathématiques appliquées et applications des mathématiques |
27 | Informatique |
28 | Milieux denses et matériaux |
29 | Constituants élémentaires |
30 | Milieux dilués et optique |
31 | Chimie théorique, physique analytique |
32 | Chimie organique, minérale, industrielle |
33 | Chimie des matériaux |
34 | Astronomie, astrophysique |
35 | Physique et chimie de la terre |
36 | Géologie et paléontologie |
37 | Météorologie, océanographie physique
et physique de l'environnement |
60 | Mécanique, génie mécanique et génie civil |
61 | Génie informatique, automatique et
traitement du signal |
62 | Energétique, génie des procédés |
63 | Electronique, optronique et systèmes |
64 | Biochimie et biologie moléculaire |
65 | Biologie cellulaire |
66 | Physiologie |
67 | Biologie des populations et écologie |
68 | Biologie des organismes |
69 | Neurosciences |
39 | Sciences physico-chimiques et technologies pharmaceutiques |
40 | Sciences du médicament |
41 | Sciences biologiques |
70 | Sciences de l'éducation |
71 | Sciences de l'information et de la communication |
72 | Epistémologie, histoire des sciences et des techniques |
73 | Cultures et langues régionales |
74 | Sciences et techniques des activités
physiques et sportives |
Théologie catholique |
Ils sont encore plusieurs milliers à quitter
l'université chaque année sans avoir atteint
le niveau de la licence. Mais en 1991, 145 000 étudiants
avaient franchi ce seuil. Un étudiant sur deux décroche
une maîtrise. Et sur 10 maîtrisards, 4
poursuivent jusqu'au DEA, et parmi ces derniers, 4 sur
10 vont jusqu'au doctorat (soit 8 % des licenciés,
NDLR) (lu dans Courrier Cadres de l'APEC du 14/1/94)
Car le temps est vraiment le facteur essentiel et
incompressible de toute prospection d'emploi.
I. LE DEMARRAGE
ANPE
Pourquoi ?
Où, comment ?
Il existe certainement (malheureusement) un centre
ANPE près de chez vous, néanmoins à partir
du diplôme de licence, l'inscription est généralement
orientée vers les centres ANPE cadres (2 ou 3 sur Paris).
Téléphonez au préalable.
APEC (Agence Pour l'Emploi des Cadres, Ingénieurs, Techniciens)
Pourquoi ?
Où, comment ?
L'accès à ce service est offert aux personnes ayant travaillé et cotisé (pendant 5 ans, je crois) comme cadres et aux jeunes diplômés (diplôme niveau minimum maîtrise). L'APEC est essentiellement subventionnée par les cotisations des cadres et estime rendre un service aux jeunes diplômés (n'ayant pas cotisé pour) et peut donc décider à tout moment d'en changer les conditions d'accès.
Attention, le dernier diplôme doit être vieux de moins d'un an. Ainsi, vous devez avoir votre diplôme de thèse, car votre diplôme de DEA (ou DESS ou diplôme d'ingénieur) est vieux de plus d'un an. Pour cette raison, par exemple, il m'a été difficile de m'inscrire de retour de post-doc. Néanmoins une lettre à la direction de l'APEC expliquant mon cas a permis de résoudre ce problème.
Adresse : 51 bd Brune, 75014 Paris. Tél :
40 52 20 00.
Pourquoi ?
Où, comment ?
Adresse : 53 rue de Turbigo, 75003 Paris, Tél :
42 74 27 40.
Pourquoi ?
L'AVARAP (une cordée pour l'emploi) est une association qui encadre les chercheurs d'emploi au travers d'un suivi très continu, avec une réunion chaque semaine, au minimum. Cet encadrement est assuré par des bénévoles très compétents (spécialistes de l'Out Placement, chef d'entreprise...) et se poursuit sur plusieurs mois. Il demande un engagement sérieux et responsabilisant pour les chercheurs d'emploi.
Où, comment ?
En participant à une réunion d'information préliminaire à la suite de laquelle des groupes seront formés. Il est conseillé d'aborder ce "stage" en ayant déjà un minimum d'expérience de la prospection d'emploi, tel que les stages de techniques d'emploi (voir plus loin).
Adresse : 90 rue du Moulin Vert,
Tél : 45 41 42 27.
II. L'ACTION
Pourquoi ?
En cette période,
n'hésitons pas à le dire, particulièrement
difficile, il est important de bien se connaître (compétences,
qualités et aussi défauts) pour préparer
son projet professionnel. Sans projet professionnel précis,
il y a de fortes chances que votre candidature ne réussisse
pas à sortir du lot, de toute façon cela transparaîtra
dans votre CV. L'APEC propose un document (70F) intitulé
Déclic qui permet un regard vers soi-même, si essentiel,
(difficile) que nous n'avons forcément pas l'habitude de
porter.
Pourquoi ?
Le B.A.BA, une fois inscrit dans les différents organismes, est de participer aux stages de techniques de recherche d'emploi. L'ANPE et l'APEC proposent des stages équivalents. Je conseille de suivre, si possible, les deux. A l'ANPE, le stage TRE (Techniques de Recherche d'Emploi) où, après avoir fait le point sur ses connaissances et compétences, on étudiera en groupe la qualité du CV, on apprendra à écrire une lettre d'accompagnement (de motivation) et on se préparera aux entretiens.
A l'APEC, les stages sont plus courts, journée ou demi-journée et correspondent à chaque partie du stage TRE : stage CV, stage lettre (de motivation), stage entretien.
Je me permets d'insister quant à l'utilité
de ces stages. Il est en effet très rare de faire un bon
CV du premier coup et la littérature sur ce sujet est souvent
dépassée. Les personnes qui encadrent ces stages
ont été des recruteurs, et suivent l'évolution
du marché de la prospection actuelle, ainsi ils connaissent
certains trucs utiles pour les entretiens.
Pourquoi ?
Surtout en ce moment, il faut le dire, une lettre de candidature spontanée n'a de chance que si elle coincide précisément avec les besoins de la société. Pour avoir cette chance, il n'y a pas de miracle, il faut s'informer. Une première partie de l'information peut être obtenue grâce aux rapports d'activité des sociétés, bilans annuels... (voir APEC, ANPE). Mais l'essentiel de l'information sera obtenue par contact direct avec un membre de l'entreprise et pour cela pas de mystères, faites jouer vos relations.
Ces relations sont plus ou moins présentes mais elles existent, même si dans un premier temps, la réaction est de penser que l'on ne connaît personne. D'une façon générale, je ne saurai insister assez sur la nécessité d'établir les contacts le plus tôt possible, en cours de thèse (et pourquoi pas avant).
Bref ces contacts sont de deux types :
Contact de travail : développez, approfondissez les contacts que vous avez eus lors de votre thèse. Signalez bien autour de vous que vous cherchez du boulot. Si vous ne vous manifestez pas, n'attendez pas qu'on le fasse pour vous. Continuez à participer aux congrès, si possible.
Contact par relations : cela consiste, par exemple,
à discuter un soir au téléphone, avec une
personne inconnue, amie d'ami, ayant un poste dans un secteur
qui vous intéresse et qui vous aidera ainsi à mieux
établir votre projet professionnel. Plus précieux
encore, ce contact sera le sésame qui vous donnera les
20 secondes nécessaires pour vous présenter et proposer
d'envoyer votre CV. Il ne s'agit pas de piston, il s'agit juste
de vous permettre de sortir de l'anonymat.
Pourquoi ?
Ne comptez pas sur les salons pour trouver un job, surtout en ce moment, mais c'est l'occasion idéale de relever des noms, de s'informer sur l'intérêt d'un profil comme le vôtre pour la société que vous visez. Le point essentiel étant le nom des personnes à contacter, car lors du salon, les intervenants ne connaissent pas obligatoirement votre profil et peuvent être soit trop optimistes soit pessimistes. C'est à vous de gratter la surface en obtenant des rendez-vous d'informations. Ce sera alors le moment rêvé pour poser toutes les questions concernant la société et les futurs membres qu'elle recherche. Pas de fausse pudeur, insistez (doucement), le temps de faire passer la gentille mauvaise foi qui veut que "tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil, tout le monde a potentiellement une place dans la compagnie"... Rien n'est plus pénible que de faire plusieurs relances pour apprendre finalement que l'"on" n'embauche que des ingénieurs, ou que votre cursus n'est pas assez "appliqué"...
Comment :
voir l'agenda de Courrier Cadres (journal de l'APEC),
aussi dans le journal L'Etudiant...
En vrac, mais essentiel
III. LES PETITS PLUS...
Sans vouloir être pessimiste, prévoir
le pire, prévoir à long terme, ne pas se
fermer de portes ! C'est à dire s'inscrire à temps
pour postuler à des postes qui ne seront ouverts que dans
plusieurs mois. Pensez, par exemple, à la liste de qualification
pour les postes de maître de conférences... à
prévoir plusieurs mois à l'avance. Même chose
pour beaucoup de concours de l'administration....
Rien n'est plus déprimant
et déstabilisant que de prospecter. La recherche d'emploi
est un emploi à temps complet. Ce sont des jours passés
à essayer de contacter quelqu'un. C'est un jour à
droite, un jour à gauche pour obtenir des infos. C'est
la solitude devant la lettre de motivation à se demander
si on a réellement les compétences requises... Bref
c'est un emploi du temps très chargé qui ne rapporte
rien, ni moralement, ni intellectuellement, ni financièrement
dans l'immédiat... Personnellement, je ne connais personne
qui ait vécu cette période de façon réjouie.
Il faut en être conscient et se regrouper pour se maintenir
le moral. En effet on peut se conseiller mutuellement, il est
d'ailleurs bien plus facile de donner des conseils utiles aux
autres qu'à soi-même et puis on s'organise des réunions
sympas qui permettent de faire le point de l'état d'avancement
du "projet emploi". Il n'est pas nécessaire d'avoir
la même formation. La démarche n'en sera que plus
enrichie par des approches différentes.
En effet même les personnes ayant les meilleures
intentions vis à vis de vous ne pourront pas forcément
vous obtenir le poste promis. Prudence donc.
Facile à dire, isn't it ? Peut être, mais c'est vrai, il faut tenir bon, la situation est difficile pour beaucoup et cela peut aider à relativiser. Consacrer quelques heures de son temps à aider les autres (soutien scolaire bénévole, par exemple...) permet de ne pas toujours ressasser ses propres difficultés et d'élargir son cercle de connaissance donc de contacts potentiels (mais j'espère que vous n'avez pas besoin de ces intérêts pour vous décider ! ). Faire du sport.
Et puis, parce que l'on réussit toujours
à sortir de la galère, on peut envisager de ne pas
oublier les autres et de les aider à sa façon (tapez
un CV propre sur le Mac au bureau, transmettre un CV et pourquoi
pas penser réellement en termes de solidarité avec
chaîne d'infos, de conseils et aide financière)...
Bon Courage !
La droite n'aime pas le C.N.R.S., cet organisme qu'elle estime rempli de parasites improductifs et de communistes. En 1986, le ministre Alain Devaquet et le directeur général Serge Feneuille avaient essayé de liquider l'organisme. L'opération, pratiquée sans anesthésie (annulation du recrutement et suspension "définitive" de toutes les instances), avait échoué. En grande partie à cause de la détermination des admissibles qu'on avait mis à la porte avant même qu'ils fussent entrés. Comme l'avait alors fait remarquer un directeur de recherches (syndiqué !) de Pasteur, le C.N.R.S. était défendu par ceux qui n'y étaient pas.
Maintenant que la droite est de nouveau là, la question du C.N.R.S. est revenue à l'ordre du jour. Si la liquidation brutale est exclue (un corps de fonctionnaires dure au moins aussi longtemps qu'un dinosaure), d'autres scénarios sont à l'étude. Un éclatement en instituts spécialisés est parfois évoqué, ce qui permettrait une purge des secteurs "politisés" sans trop changer le reste. Mais une autre idée est plus répandue. L'augmentation du nombre des étudiants à l'Université (avec l'objectif mythique de 2 millions en l'an 2000), et les départs en retraite massifs d'enseignants d'ici là, demandent d'accroître le nombre des enseignants. On a donc créé les monitorats pour préparer la relève, et boucher les trous çà et là, ainsi que les A.T.E.R. Mais une solution plus économique consiste à pomper sur le "stock" des chercheurs CNRS (10 000), qu'on veut de plus en plus pousser vers la sortie : la "mobilité" est encouragée, c'est-à-dire les candidatures des chargés de recherche (1ère classe) au poste de professeur de 2ème classe. On trouvera des menaces à peine voilées dans l'Annexe. Dans le même temps, les postes de directeurs de recherche au CNRS diminuent sensiblement. Certains technocrates du ministère suggèrent même de faire du CNRS un corps en extinction. Cette évolution n'a rien d'inéluctable : elle peut être enrayée si la communauté scientifique se mobilise, comme en 1986. L'esprit du temps, malheureusement, n'est pas à l'action collective, comme le montre l'agonie (sereine au demeurant) d'Etudiants et Recherche.
Une autre mesure est envisagée qui économiserait
des postes de maîtres de conférences : supprimer
la plupart des TD. Les suppressions d'emploi sans licenciement
sec sont d'actualité partout...
Annexe : Communiqué
du CNRS du 29 septembre 1993
Dans le contexte économique actuel, l'objectif de croissance du budget de la recherche par rapport au PIB français ne pouvant être maintenu, le CNRS se doit de participer à l'effort national. L'apport de l'Etat par rapport à la loi de finances rectificative 1993 se traduit par +2,5 % en dépenses ordinaires (DO), -3,7 % en autorisations de programmes (AP) et +3,8 % en crédits de paiement (CP).
Le BCRD [Budget Civil de RD, NDLR] pour 1994 se caractérise par une meilleure adéquation des capacités de paiement avec les autorisations de programmes. Cette mesure bénéfique permet au CNRS de combler une part significative des retards de paiement de l'année précédente. Toutefois, la diminution des AP, qui sont ramenées au niveau de l'année 1991, réduit considérablement les moyens d'initiative et d'action de l'organisme.
Le CNRS doit respecter des engagements internationaux, des grands équipements comme VIRGO et assurer la poursuite des projets de développement scientifique en région. Cette réduction des AP se répercutera donc fortement sur les laboratoires. Le CNRS pourra néanmoins assurer le paiement des commandes des laboratoires passées en 1993 mais devra moduler, selon les priorités stratégiques, les diminutions des moyens d'engagements.
En matière d'emplois chercheurs, le flux
minimal de recrutement peut être maintenu autour de 3 %
par an à condition que la mobilité vers l'enseignement
supérieur soit améliorée. Enfin, le CNRS
ne dispose pas de moyens spécifiques suffisants pour augmenter
ses possibilités d'accueil de chercheurs étrangers
dans ses laboratoires et ainsi participer au rayonnement de la
France auprès de la communauté scientifique européenne
et internationale. [La possibilité d'accueillir des chercheurs
étrangers était l'une des raisons premières
de la création du CNRS, NDLR.]
Post-scriptum : Le CNRS
insiste fortement sur la mobilité vers l'enseignement supérieur
dans le Journal du CNRS de novembre 1993.
Dans le Bulletin précédent, je faisais état du niveau généralement décevant, et parfois alarmant, de diplômés d'études approfondies en physique. Je disais que des chercheurs tentaient d'enseigner en DEA afin de "capturer" de bons étudiants. Mes remarques étaient issues du milieu physique parisien, et de conversations nord-américaines, mais en discutant récemment avec un camarade d'études installé à Bordeaux, j'ai entendu : "Ici on ne repère pas les bons étudiants en DEA, mais pendant la maîtrise, et dès leur entrée en DEA on leur fait des avances". Le malaise est donc très réel.
A l'avenir il est probable que le niveau ne montera
pas, car le dernier son de cloche entendu en provenance de DEUG
et même de PCEM (depuis 1993) parisiens est que l'Université
sert à alléger les statistiques de l'ANPE,
en attendant le reflux du chômage ...
Suite au succès de la manifestattion du 16 janvier 1994, de nouveaux postes de maîtres de conférences ont été créés. Il y en aura donc
1 050 (avant la manifestation)
+ 50 (obtenus juste avant)
+ 575 (obtenus après)
soit 1 625 mis au concours en 1994, contre près
de 3 000 en 1993.
Dans le Bulletin d'Information n°24, Joël Marchand faisait une bonne synthèse des problèmes rencontrés en 3ème cycle universitaire, problèmes qui justifiaient l'action d'Etudiants et Recherche.
Le Bulletin d'Information disparaît en même
temps que l'association et j'en profite pour protester une dernière
fois contre l'intolérable qui se rencontre parfois
au quotidien dans les laboratoires.
La formation doctorale à et par la recherche,
cela signifie quoi ?
Un bizutage de quelques années (quatre en moyenne) qui servirait d'initiation à la vie, à l'environnement et au fonctionnement du monde de la recherche ?
Cette "initiation" ou plutôt cette
formation qui se transforme ensuite en expérience professionnelle,
justifie-t-elle des actes ou des comportements répréhensibles
mais qui, dans le cadre de la formation doctorale, doivent être
considérés comme normaux par ceux qui les subissent
sous peine d'être considérés comme inaptes
au monde de la recherche scientifique ?
Cette formation doctorale sert-elle, si vous êtes une femme, à vous signifier qu'à l'aube du 21ème siècle, vous n'êtes toujours et uniquement qu'un sujet de convoitise ? Car il ne faut pas l'ignorer, le harcèlement sexuel qu'il soit d'aspect anodin, discret, pernicieux ou flagrant, existe aussi dans certains laboratoires de recherche.
Si c'est le cas, sachez trois choses :
1 - la seule attitude à adopter est celle du refus. La réplique ou la protestation a d'autant plus de portée qu'elle est effectuée en public.
2 - la réaction de ces messieurs, qu'elle prenne la forme de dénigrements outrés ou de tentatives pour nous culpabiliser en renversant le problème, confirme plutôt leur véritable intention qu'elle ne nous déstabilise.
3 - on ne convoite que ce que l'on n'est pas ou ne
peut pas posséder, mais pas ce que l'on ne veut pas.
Pour qui nous prend-on ?
Des enfants à éduquer quels que soient notre personnalité et notre parcours individuel ? Au nom de quoi et de quel droit ? Celui de la formation à et par la recherche ? Les détenteurs d'un savoir à transmettre se sentent-ils si supérieurs face à ceux qui commencent leur formation doctorale ? Ne pas savoir et vouloir apprendre, est-ce synonyme d'infériorité ?
N'y a-t-il pas parfois confusion entre niveau de connaissances plus élevé et supériorité ?
Où est le respect élémentaire
de l'individu ?
Chacun rencontre la mesquinerie et la jalousie. Cette formation par la recherche nécessite-t-elle les fameux "gags" - terme consacré usuel signifiant que nous assumons et prenons les choses de haut - que tout le monde rencontre sans forcément le dire ? Sabotage de manip pour nous apprendre la vie de laboratoire, effacement de fichiers d'ordinateur, brimades diverses ...
A quoi riment tous ces enfantillages ?
Chacun passe par une période dite "paranoiaque". Mais si vous apprenez que vous êtes paranoiaque, méfiez-vous qu'il ne s'agisse d'une réputation propagée par ceux qui veulent se protéger, qu'ils soient les auteurs des fameux "gags" ou volontairement aveugles.
Chacun est ou se sent testé voire attaqué soit sur son enthousiasme et sa passion de la recherche, soit sur sa réserve et scepticisme suivant les cas. En quoi cette spontanéité est-elle un signe d'immaturité ? La démarche scientifique n'implique-t-elle donc pas au préalable une certaine lucidité et objectivité ?
Chacun doit, à un certain moment, pousser un coup de gueule et rappeler les limites, pourtant évidentes, du tolérable pour avoir sa place physique et humaine dans le laboratoire.
Chacun traverse une période de découragement, étape déterminante qui permet de diminuer le nombre de futurs postulants chercheurs et combat personnel.
Et chacun connaît la pression exercée
par l'angoisse due à l'absence de résultats.
Or deux conditions sont indispensables pour soutenir
une thèse en sciences expérimentales.
- Nous avons l'obligation d'obtenir des résultats innovants et révolutionnaires en un minimum de temps.
- Nous sommes tenus de publier des articles dans les meilleures revues internationales de notre discipline.
Mais que demande-t-on alors aux chercheurs confirmés ? Combien et au bout de combien d'années publient-ils dans les premières revues scientifiques ?
Nous, doctorants, n'avons ni statut, ni reconnaissance pendant les 4 à 5 années de la formation doctorale (cf. le terme de travailleur ou chercheur bénévole (sic) qui, sur les listes de personnel du CNRS ou de l'INSERM, distingue le doctorant non subventionné), mais nous devons fournir des résultats et publier en premier signataire au top du hit-parade des revues.
Les directeurs de laboratoire vont-ils enfin admettre, ou mieux, reconnaître, que nous sommes autre chose que de la main d'oeuvre et que le travail que nous réalisons n'est pas différent de celui des chercheurs titularisés ?
N'y a-t-il pas une certaine hypocrisie à demander
aux doctorants d'être d'aussi bons chercheurs sinon meilleurs
que ceux qui doivent leur dispenser un savoir, sans par ailleurs
leur accorder une reconnaissance statutaire ?
Pourquoi la fin de la formation doctorale en sciences expérimentales, marquée par la soutenance de thèse qui ouvre la porte d'entrée dans la famille des chercheurs, ne semble dépendre que de deux facteurs :
- savoir s'ébaudir au bon moment, preuve de notre intégration dans l'équipe ;
- obtenir des résultats qui ne peuvent être que positifs, l'obtention de résultats négatifs, eux, malgré les informations qu'ils apportent, tendant plutôt à démontrer notre incapacité ?
La formation à la recherche ne vise-t-elle pas à structurer la réflexion, acquérir une méthodologie, forger un esprit scientifique ? Concrètement :
Savoir montrer et réaliser un protocole, adapter sa démarche et sa réflexion scientifique en fonction de l'ensemble des résultats expérimentaux et des publications ;
Reconnaître la fiabilité d'un article et s'en servir de référence, participer à des discussions scientifiques, établir des collaborations avec les autres équipes ;
Défendre sa recherche surtout lorsqu'elle
bouscule un peu les théories précédentes
et les esprits réticents.
Sachez également qu'une formation doctorale peut se terminer par une lutte pour préserver sa dignité et conserver son honnêteté intellectuelle.
Une lutte contre un chantage qui consiste à n'autoriser la soutenance de thèse qu'à la condition d'écrire un article dans lequel les résultats seraient tronqués et leur interprétation frauduleuse.
Un chantage exercé simplement parce que les
résultats réels obtenus, indépendamment
de leur intérêt, ne correspondent pas aux résultats
voulus par le directeur de thèse.
Il arrive qu'un doctorant soit "descendu" le jour de sa soutenance de thèse par un directeur de thèse ragaillardi par la présence du public et du jury, puis interdit de laboratoire dès le lendemain. Pourquoi ?
Pour n'avoir cédé, ni au chantage ni à la fraude scientifique ;
Pour s'être opposée à l'obscurantisme et à la défection ;
Pour être née femme aussi peut-être
et avoir eu des activités syndicales et des responsabilités
au sein de l'association "Etudiants et Recherche", état
(femme) et activité (syndicale) qui suscitent la peur et
la répréhension.
Sachez que pour avoir résisté et lutté,
au nom de la dignité humaine et d'une certaine éthique
scientifique, un doctorant peut voir sa carrière de chercheur
irrémédiablement cassée de par la volonté
d'un directeur de thèse, aidé par tous ceux qui
l'ont cautionné, soit par immobilisme, soit par aveuglement.
Après, il y a 15 mois de chômage et
la précarité de l'emploi sous la forme d'un contrat
à durée déterminé de deux mois.
C'est cela aussi la réalité de la formation doctorale. Alors, de qui se moque-t-on ?
La France a besoin de chercheurs et de docteurs d'université, mais lesquels et dans quels domaines ?
Les écoles doctorales se développent
mais avec quels objectifs, pour quelle réalité et
avec quels emplois à la clé ?
Je ne pouvais pas laisser clore ce bulletin sans
compléter ce cri d'indignation. Mon point de vue
est sensiblement différent, puisque je ne suis qu'au
début de thèse.
Le nombre sans cesse croissant de doctorants laisse
à penser que la recherche présente des avantages,
ou bien que les doctorants aiment délibérément
souffrir (ce dont je doute fort). Il est vrai que des périodes
"noires" existent pour chacun. Elles ne sont malheureusement
pas spécifiques du monde de la recherche : il est nécessaire
d'en prendre conscience pour relativiser sa situation.
Non, je ne suis pas dans le labo idéal (existe-t-il ?)
; mon "chef" sait être exécrable, les tensions
sont importantes dans le laboratoire, mais cela ne m'empêchera
pas d'apprécier la recherche. Certes l'absence de statut
pour les doctorants complique certaines situations et la période
de "bizutage " est effectivement longue et rude. Elle
apporte cependant un grand nombre de satisfactions, sinon pourquoi
des étudiants de grandes écoles d'ingénieur
choisiraient-ils la recherche ? L'optimiste que je suis y voit
une preuve de l'intérêt du métier de chercheur
; d'autres plus pessimistes l'interpréteraient comme un
réel malaise dans le marché de l'emploi (ce en quoi
ils n'auraient pas totalement tort malheureusement).
Le métier de chercheur, indirectement productif
mais cependant nécessaire à la société,
est dur, puisque le chercheur est libre d'organiser ses activités
tout en étant strictement contrôlé par le
système des publications.
C'est un milieu où les tensions peuvent être
aussi importantes que l'ambiance se veut quelquefois "jeune
et détendue". La renommée d'un chercheur (du
moins à court terme) n'est pas toujours le reflet de ses
qualités réelles : le copinage et les luttes d'influences
existent aussi dans le monde de la recherche. Contre cela un étudiant
seul ne peut pas grand chose, sauf en avoir conscience tout au
long de sa carrière.
Enfin, je tenais a préciser que les conditions
et les moyens de travail sont extrêmement variables d'une
part selon les secteurs de recherche, d'autre part selon les laboratoires
et donc selon les étudiants, et ce sont ces disparités
qui sont intolérables et que l'association Etudiants et
Recherche tentait de réduire. Malheureusement peu d'étudiants
l'ont compris.
La Sous-Direction de l'organisation et du financement
des études doctorales (SDED (ex DRED, NDLR)) du Ministère
de l'Enseignement supérieur et de la Recherche a publié
récemment un fascicule qui rend compte, notamment, de l'évolution
du nombre de thèses de 1981 à 1991. Cette analyse
met en évidence un net décollage à partir
de 1989.
Cette étude réalisée par la SDED confirme la tendance à l'augmentation du nombre de thèses engagées, déjà suggérée dans le rapport de l'an dernier.
Plus rapide et plus net en sciences, le décollage
est plus récent dans les sciences humaines et pas encore
observé en droit. Ce constat est à rapprocher de
la durée moyennesdes thèses dans ces disciplines.
Le pourcentage d'étudiants étrangers
se maintient aux alentours de 35%.
Par ailleurs, une analyse des soutenances (pour 1990) confirme l'attraction de l'Ile-de-France (42% des soutenances en lettres et sciences humaines et sociales et 22% en sciences). La moitié sud de la France, la Lorraine, l'Alsace, le Nord-Pas de Calais et la Bretagne conservent néanmoins de bonnes positions. De plus, la bonne corrélation observée entre productivité en thèses et taux d'attribution des primes d'encadrement doctoral et de recherche, souligne l'importance de l'effet de taille des établissements. Dans le peloton de tête des académies : Montpellier, Paris et Versailles, puis Strasbourg, Grenoble, Lyon, Nancy-Metz et Amiens.
L'âge moyen d'un thésard en sciences
est de près de 5 ans inférieur à celui d'un
thésard en lettres et l'âge moyen d'un thésard
étranger est de 2 ans supérieur à celui d'un
français ; cependant, il faut tenir compte de la possibilité
d'inscriptions sans suite ou d'interruptions non signalées,
qui peuvent en fausser les résultats.
Une comparaison entre la situation en 1988 et
celle de 1991 montre que le nombre de diplômés de
DEA a augmenté de 21% et le nombre de soutenances de thèse
de 35%. Le nombre de succès a cependant légèrement
fléchi, quand on considère d'une part, une cohorte
de diplômés de DEA en 1985 et, d'autre part, de soutenances
de thèses dans le délai optimal de 3 ans en 1988
et qu'on la compare à la cohorte 1988-1991 : le rapport
du nombre de diplômés au nombre d'inscrits est en
effet passé de 63% à 62% et celui du nombre de soutenances
au nombre des premières inscriptions en thèse de
77% à 72%.
L'étude des attributions de DEA et de doctorats
en fonction de la nationalité des étudiants montre
que, sauf en sciences, les étrangers sont plus nombreux
à s'inscrire et à soutenir un doctorat qu'un DEA.
La situation est, de manière préoccupante, inverse
pour le trop petit nombre d'étudiants originaires de la
CEE. Enfin, le taux de retour des étrangers dans leur pays
après un DEA est faible ; en revanche, plus de la moitié
y retournent après la soutenance de leur doctorat.
Référence :
Diplômes d'Etudes Approfondies - Campagne 92
et rapport de l'Observatoire des thèses II - Novembre 1992
- Ministère de l'Enseignement supérieur et de la
Recherche - Sous-Direction de l'organisation et du financement
des études doctorales.
Lu dans la Lettre d'Info du MER, "Enseignement
Supérieur et Recherche", n°102 d'oct. 1993,
p 7.
NDLR : Notons que 1988
correspond à la dernière année où
les doctorants avaient le choix de s'inscrire soit en ancienne
thèse d'Etat, soit en nouvelle thèse d'Université.
Commentaire
Une des questions lancinantes qui agitent le microcosme thésitif français depuis la nuit des temps universitaires, et dont notre Bulletin s'est fait l'écho dès ses premiers numéros (sans doute dans le but, inavoué, d'augmenter son tirage) est "Qui sommes-nous ? Combien sommes-nous ?". Une récente partie de bras de fer entre le journal Le Monde et l'Université P. et M. Curie (Paris 6) jette une lumière insolite sur la deuxième partie de la question, à savoir, le nombre des doctorants, question qui semble plus ardue encore à résoudre que le grand théorème de Fermat. Un article du Monde du 25/11/1993 (cité supra par Michel Cartereau) montre que l'encadrement est plus élevé que la moyenne à Paris 6. Si cela n'a pas surpris la plupart des professeurs de ladite université, le président (professeur de médecine) J.-C. Legrand a demandé un droit de réponse où il souligne que l'important personnel enseignant de l'université est justifié (entre autres) par le fait que Paris 6 fournit à elle seule 25 % des thèses françaises en sciences et médecine (comme si c'étaient les thésards qui mobilisaient le plus d'enseignants...). Devant la réticence de la rédaction du Monde, qui fait valoir l'origine ministérielle des chiffres publiés, il demande à acheter de l'espace publicitaire dans le journal (pour 115 119 F HT) afin d'y exposer ses chiffres et ses arguments, ce qui lui est finalement refusé. Colère de J.-C. Legrand, qui fait éditer un numéro spécial de la revue interne de l'université pour exposer l'affaire. Numéro intitulé "Le silence est d'or" : comme on va le voir, c'était le cas de ne pas le dire...
On apprend par les statistiques officielles de Paris 6 que le nombre de thèses en cours à Paris 6 est de 1 300. Si cela représente 25 %, il y aurait 5 200 thèses/an en sciences et médecine dans toute la France. Comme les services de M. Legrand reçoivent la Lettre d'information Enseignement supérieur & Recherche éditée par le ministère du même nom, ils ont pu lire dans le numéro 102 dont nous avons publié un extrait, qu'il y avait 51 000 thèses en cours au titre de l'année 1990-91, pour toutes les disciplines. Selon le rapport DRED 1991, la durée moyenne d'une thèse, de 2,95 à 4,56 ans selon les secteurs, est en moyenne de 3,83 ans (i). En régime stationnaire, 51 000 doctorants correspondent donc à 13 300 soutenances/an. Mais le même rapport donne 5 670 thèses soutenues en 1990, tandis que la DEP en recense 6 870. Commentaire de la DRED : "Ce nombre [51 000], confirmé par deux sources différentes, pose, si on le rapporte à celui des soutenances (6900 en 1990) et à celui de la durée moyenne (3,8 ans) un réel problème d'interprétation (sic)". Essayons d'aider les statisticiens (ii), en admettant un taux de réussite de 72 %, ce qui fait 9 600 thèses/an.
Il suit du chiffre de Paris 6 qu'il y aurait 4 400 thèses/an en sciences humaines (46 %) pour 5 200 en sciences dures (54 %), alors que DRED 91 donne 32 % et 68 % respectivement (1990) ! En prenant les chiffres bruts des soutenances, on aurait 5 200 thèses/an en sciences dures pour 470 à 1 670 thèses/an en sciences humaines ! La conclusion de tout cela est que certains présidents d'université devraient lire les gazettes officielles, si possible avec un oeil critique (iii), avant d'engager le nom et l'argent de l'université pour diffuser leurs "informations" sans même mentionner l'origine et le mode de calcul des chiffres, notamment celui de 25 %. On trouve ce pourcentage, joint au chiffre (vérifié auprès de la scolarité) de 1300, sur papier glacé, en quadrichromie et version bilingue, dans "Recherche Technologie - Ile de France" (Editions Internationales, Toulouse, juil. 1993, p. 39), livre édité par le Ministère, préfacé par F. Fillon et parrainé par l'Institut de France, avec un mot du secrétaire perpétuel de l'Académie des sciences. Comment ne pas y croire ? La mégalomanie de Paris 6 l'emportera : dans le Monde du 16/12/1993 (p. 21), on trouve que les 1300 thèses/an de Paris 6 représentent 50 % des thèses scientifiques françaises ! D'où sort le dénominateur du journaliste, mystère.
Nos lecteurs savaient les capacités statistiques de l'Observatoire des Thèses limitées (Bull. no. 16, p. 3). Aujourd'hui encore, la statistique des doctorants semble du domaine de l'indécidable, et certains "responsables" y ajoutent de l'entropie à la pelle. Il semble que la rigueur scientifique soit un idéal inaccessible, du moins à certains "scientifiques".
A la question qui tourmente nos lecteurs "Combien
sommes-nous ?", au terme de ce 25ème et ultime Bulletin
nous sommes en mesure de répondre i) que nous sommes beaucoup,
et ii) que nous sommes de plus en plus nombreux. Le reste est
plutôt spéculatif, peut-être même faut-il
le déclarer non scientifique, au même titre que la
question identitaire "Qui sommes-nous ?", dont
nos lecteurs, rompus à la rigueur scientifique, avaient
perçu le caractère parfaitement métaphysique.
Au cours de mes vagues études de physique, j'ai appris
que résoudre ce genre de question consiste à évacuer
la question. En disparaissant, l'Association indique la seule
bonne réponse : ne plus être. C'est à dire
ne plus être thésard. A tous, avant notre clip de
fin, je souhaite une bonne soutenance.
(i) Paris 6 a 3 960 thésards pour
1 300 thèses/an, soit une durée de 3,05 ans.
(ii) Mais signalons que le pourcentage
de soutenances franciliennes, 22 %, est peu crédible ;
le rapport DRED donne d'ailleurs, pour 1990, 26% des soutenances
sur l'académie de Paris !
(iii) Si l'on me permet de pousser
l'esprit critique jusqu'à la cruauté, j'observerai
que les universités étant subventionnées
en proportion directe du nombre d'inscrits en doctorat, ont intérêt
à déclarer le plus grand nombre d'inscriptions.
PS : c'est dans l'attente de l'issue du bras de fer
Le Monde/P. 6 que la parution de ce Bulletin a été
différée. Remerciements à Joël Marchand,
qui a relevé des confusions dans la première version
de mon article, et qui a obtenu les rapports intégraux
de la DRED.
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